dimanche 29 novembre 2009

lecture du Coran - sourate 76 . L'Humain

délivré... en sécurité... - textes du jour

Dimanche 29 Novembre 2009



Prier… [1] apprendre la vie à chaque éveil-réveil, éveil à quoi ? à quelqu’un, toujours et sipossible pas seulement à soi-même. Grâce de s’éveiller à quelqu’un. Se réveiller d’où et réintégrer quoi, ou arriver à quoi ? aux tâches inachevées de la veille, aux projets que l’on s’est donnés pour le lendemain. Funambule. Apprendre soudainement ce qu’il était en train d’arriver, la mort qui entoure et enveloppe le frère aimé, son dernier regard presque apeuré-étonné, signe encore de présence, la tête vaguement hélant la vie de dessous les draps, le visage dévoré de points noirs, le regard… qui n’est pas éteint et qui reconnaît. En ces jours-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité. La mort éclaire tout, splendidement, le mourant nous aide, le frère nous pénètre. J’ai au bout de la langue les mots qu’il me disait et confiait, et m’a donc appris à dire et à m’approprier. Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant. … Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption est proche. Amen !

[1] - Jérémie XXXIII 14 à 16 ; psaume XXV ; 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens III 12 à IV 2 ; évangile selon saint Luc XXI 25 à 36


samedi 28 novembre 2009

lecture du Coran - sourate 6 Les troupeaux . 127 à 165


soir du samedi 28 Novembre 2009

Une lecture du Coran, pour un chrétien, ne peut être neutre, surtout si elle est empathique. J’apprends le sens que d’autres ont de Dieu, je vais à Dieu selon leur chemin et leur enseignant, et j’en reçois un regard me faisant différencier et caractériser mon propre chemin, celui que j’ai reçu. L’absence du Fils, la non-personnalisation de l’Esprit ne me désorientent pas, dans cette lecture coranique, elles me pèsent quand je suis en dehors. Le texte et ce à quoi il appelle, sont nus, d’autant plus impérieux, directs et sévères.

Sourate 6 127 à 165

En forme de recommandations au Prophète pour la justesse de son prêche. Chacun a le rang de ce qu’il fait : ton Maître n’est pas inattentif à ce qu’ils font 132. Ô mon peuple, agissez selon votre condition, j’agis selon la mienne… les fraudeurs ne sont pas féconds 135.

Toujours cette perspective de l’ultime rassemblement, le jour où il les réunira tous. Une dialectique presque pastorale : nous accordons notre protection à certains fraudeurs pour qu’ils châtient les crimes de certains autres… Ton Maître ne détruit pas des cités, par fraude, leurs tentes étant inattentives.

Et cette toute-puissance de Dieu, active constamment dans nos vies et dans chacune des circonstances si particulières qu’elles paraissent : Si Allah le décidait, ils ne le feraient pas : laisse-les à leurs illusions147 A Allah, l’argument péremptoire ! S’il l’avait décidé, il vous aurait tous guidés. La foi, l’agir, le croire sont donnés par Dieu

L’interrogation essentielle pour le chrétien sans doute, mais qui habita le Prophète, lucide et sincère sur sa situation dans la chronologie religieuse et spirituelle de l’humanité cheminant à la trace de Dieu : nous avons donné l’Ecrit à Moïse (Mûssa), perfection de ceux qui excellent, élucidation de toute réalité, guidance et matrice. Peut-être adhèreront-ils à la rencontre de leur Maître ? 154 Dialogue avec ceux de la « religion du Livre ». Voici l’Ecrit que nous avons fait descendre. Il est béni, suivez-le et frémsisez… Direz-vous : « L’Ecrit n’est descendu que sur eux peuples avant nous : voici, nous en ignorons les enseignements. » Ou direz-vous : « Si l’Ecrit était descendu sur nous, nous aurions été mieux guidés qu’eux. ». Mais l’évidence de votre Maître vous est déjà parvenue. 155.156.157 Et c’est le constat de rupture : Nul ne fraude davantage que le négateur qui se détourne des Signes d’Allah. Cette interrogation sur les Juifs et les chrétiens est précédée par un énoncé des commandements paraphrasant, mais avec une souplesse littéraire que n’a pas le hiératisme mosaïque, les « dix commandements » : 151 . 152 . 153 . Je regarderai la traduction Chouraqui de l’Exode pour que la superposition des deux textes soit homogène.

Je vous avertirai de ce que votre Maître vous interdit. Ne Lui associez rien. Excellez avec vos parents. Ne tuez pas vos enfants par crainte de la misère : nous veillerons à votre subsistance comme à la leur. Eloignez-vous des vices, apparents ou ccachés. Ne tuez personne sans droit. Ne touchez pas aux biens des orphelins avant leur majorité, si ce n’est pour leur bénéfice. Remplissez la mesure et pesez avec dexactitude. Quand vous parlez, soyez équitables, même pour le bien d’un proche parent. Le texte, non seulement est moins fruste, il a presque l’accent des Béatitudes, sauf sa tournure négative. Il est pastoral, familier, intime : Allah l’interdit. Voilà ce qu’il vous ordonne. Peut-être discernerez vous ? … Nous n’imposons à personne plus qu’il ne peut porter… remplissez le pacte d’Allah, cela, il vous l’ordonne. Peut-être l’invoquerez-vous ? Voici mon chemin ascendant, suivez-le, ne suivez pas les sentiers qui vous séparent de son sentier.

En fin de cette sourate, le Prophète se présente : Voici ma prière, mes titres : ma vie, ma mort sont à Allah, maître des univers 162. Mais ce n’est pas de lui-même, il est commandé : Dis… l’entier du Coran est d’ailleurs rythmé par cet impératif. Je suis le premier des pacifiés 163. Le Prophète, que Dieu exonère du refus des autres : Tu n’es responsable en rien de ceux qui morcellent leur foi et deviennent sectaires. Leur sort appartient à Allah seul. Il les informera de ce qu’ils faisaient 159. A contrario, c’est l’énoncé de la responsabilité que chacun a de soi-même devant Dieu seul, c’est donc la liberté humaine.

les esprits et les âmes des justes - textes du jour

Samedi 28 Novembre 2009



Prier… j’avais l’esprit angoissé, car les visions que j’avais me bouleversaient. [1] Récit et apocalypse de Daniel, aussi énigmatiques et imagés que nos vies quotidiennes, une évolution souvent de notre monde qui nous paraît terrible au regard de notre impuissance. Cette bête terriblement puissante… des propos délirants… De même que Moïse s’approche du buisson, Daniel ose interroger et réclamer une interprétation : je l’interrogeai sur tout cela, il me répondit et me révéla l’interprétation. Or, Daniel va devoir sa fortune politique et faire sa « carrière » par sa propre science à deviner le sens des songes… je l’interrogeai… à ces questions, il me fut répondu… une royauté éternelle, et tous les empires le serviront et lui obéiront. Mise en regard du Coran, la Bible est d’un concret, d’une précision qui frappent, elle est factuelle. Ses conseils ne sont pas spirituels mais directs, Jésus, précédé par les prophètes, relayés par les apôtres, unicité d’un langage et d’une tournure d’esprit étonnantes alors que le texte fondamental est à tant de voix et a été composé en plusieurs siècles : tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie… Autant que Mahomet, Jésus peuple ses auditeurs des « fins dernières », mais deux différences sont essentielles, la prière est une action au présent et non un critère d’identité et de foi, et la référence est explicite, l’enjeu : paraître debout devant le Fils de l’homme. La création appelée à l’attitude, à la posture la plus mature, la plus responsable, la plus haute et belle devant le Seigneur Dieu fait homme. Et devant Lui… les saints et les humbles de cœur, bénissez le Seigneur ! Ajouterai-je ? vous tous qui pleurez et souffrez, vous tous qui n’avez de refuge qu’aimer, vous qui êtes morts et demeurez en nous de souvenir et de paroles, d’attente de nos revoirs mutuels, vous qui vivez, qui décevez, qui étonnez, vous tous de toutes espèces et de toutes formes de vie, bénissez le Seigneur, si difficile soit le sens de votre mort et de votre vie. Bénissez-le pour Son aide, et Sa présence, pour le jugement prononcé en faveur des saints du Très-Haut et pour la royauté, la domination et la puissance de tous les royaumes de la terre … données au peuple des saints du Très-Haut. … Vous, ses serviteurs, bénissez le Seigneur ! Les esprits et les âmes des justes, bénisez le Seigneur ! Et ensemble de toutes parts et en tous temps, prions. Le temps était arrivé où les saints avaient pris possession de la royauté.

[1] - Daniel VII 15 à 27 ; toujours le cantique de Daniel III 82 à 87 ; évangile selon saint Luc XXI 34 à 36

vendredi 27 novembre 2009

lecture du Coran - sourate 6 Les troupeaux 111 à 126

le royaume de Dieu est proche - textes du jour

Vendredi 27 Novembre 2008

Prier…[1] j’arrive à cet autel reçu par Marguerite de Savoie (+ 1464), notre fille a combien de patronnes et saintes protectrices, c’est peu ordinaire, combien nous, ses parents, en avons besoin, aujourd’hui plus encore. Les évangiles, le « génie du christianisme » par rapport au judaïsme ou au sens de Dieu que nous recevons du Coran, est de nous donner accès à Dieu par son Fils, Dieu fait homme. L’histoire de Dieu se raconte parmi nous, son visage a été vu, son visage d’homme. Expérience personnelle de la spirituelle, vie de l’Esprit en nous, certes et décisivement, mais fait historique. Mes paroles ne passeront pas. Assurance personnelle du Christ que jamais avant ni après lui n’ont eu aucun prophète ou envoyé ou chef spirituel. Et quel est le message ? au-delà ou en deçà de tous les appels à la fois et à la conversion, le fait que le royaume de Dieu est proche. Jésus n’est que faits, bien plus encore que parole. Il est LE fait. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. Passage de Daniel dont je voudrais tant l’exégèse et qui ne m’a jamais été donnée, car lire comme un Fils d’homme, n’est pas lire dans l’évangile, le Fils de l’homme. Le genre apocalyptique… la révélation n’est pas tant les catastrophes que le salut à la clé qui est l’avènement définitif de Dieu, c’est-à-dire la création retrouvant son état final et originel. Dans la bataille actuelle sur les responsabilités dans le dérèglement climatique, humaines ou pas humaines, la Bible a la piste de réponse : responsabilité humaine (le péché originel) et possibilité de remédier (l’homme ayant mission de dominer et cultiver la terre, avec hiérarchie et connaissance sur l’ensemble du monde vivant). Cantique de Daniel anticipant celui de François, les oiseaux du ciel, les fauves et troupeaux, baleines et bêtes de la mer, plantes de la terre, sources et fontaines, bénissez le Seigneur !

[1] - Daniel VII 2 à 14 ; cantique de Daniel III 75 à 81 ; évangile selon saint Luc XXI 29 à 33


reçu d'une destinataire de la méditation ci-dessus :


Re: le royaume de Dieu est proche - textes du jour

Cher Bertrand,

tout à fait d'accord avec vous : Jésus est "le fait", par sa personne de Fils incarné de Dieu, seule vraie nouveauté par rapport à la révélation consignée dans l'Ancien Testament.

En revanche, désaccord avec votre formule : "la création retrouvant son état final et originel »
La création, du fait même qu'elle était "créée" ne pouvait pas être parfaite. Lorsque Dieu dit : Et cela était bon", il veut dire : "il est bon que cela soit". Et comment penser que tout le mal vient de l'homme : peut-on lui imputer les catastrophes naturelles, les maladies dont il n'est pas responsable, aussi haut que l'on remonte dans l'échelle des responsabilités. Le "péché originel", interprétation par saint Augustin du péché d'Adam, a bon dos, et finalement, pose - me semble-t-il - plus de problèmes qu'il n'en résout !

Selon la ligne théologique de saint Irénée et des Pères orientaux, à laquelle j'adhère, il y a une histoire du salut dont le premier "moment" est la création , dont l'accomplissement adviendra avec le retour glorieux du Christ, l'incarnation en étant le passage obligé, la clé. Le salut n'est pas alors la simple restauration d'un état originel, mais l'accomplissement de l'être humain et du cosmos dans un état - le partage de la vie d'amour trinitaire pour l'homme - allant bien au-delà de leurs possibilités propres. Le péché est un accident de parcours, certes grave, mais nullement fatal si l'on croit au libre arbitre de l'être humain.

Pardonnez-moi cet exposé théologique, mais, personnellement, j'ai vécu cette découverte, comme une libération !

jeudi 26 novembre 2009

votre rédemption - textes du jour

Jeudi 26 Novembre 2009


Prier… dénouement spectaculaire dans l’histoire de Daniel. Même persévérance que les héros d’Israël de l’époque des Maccabées, mais il est positivement sauvé. Récit édifiant sur une conversion du polythéisme au Dieu d’Israël. L’affection de Darius pour Daniel y est pour beaucoup. Nos sentiments humains et nos conversions spirituelles, Augustin et sa mère, la cousine Bondy de Charles de F. on doit craindre et vénérer le Dieu de Daniel, car il est le Dieu vivant, il demeure éternellement, son règne ne sera pas détruit, sa souveraineté n’aura pas de fin. A vérifier dans le Coran, s’il y a cette obsession biblique, pas seulement dans le message du Christ mais déjà dans l’Ancien Testament, la vie en plénitude, le Dieu vivant, bien plus que vérité et lumière, ou toute-puissance : la vie.[1] Il délivre et il sauve, il accomplit des signes et des prodiges, au ciel et sur la terre… Jésus fait écho au constat de Darius, mais pour annoncer au contraire le drame : Jérusalem encerclée par des armées… sa dévastation est toute proche (la prophétie de la mise à sac par Titus et Vespasien en 70). Cycle cependant annonciateur de celui décisif : quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption est proche. Même signes et mêmes expressions que l’Ancien Testament : il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de ma tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde. Comme l’épisode de la tempête apaisée en donne l’anticipation, un tel tumulte donne le cadre et le contexte de la parousie : on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Jésus n’est pas prophète, ou s’il l’est, il ne l’est que pour s’annoncer Lui-même. Jésus, maître absolu, Jésus Fils du Dieu vivant. Jésus parlait à ses disciples de sa venue, alors même qu’il est, vivant, incarné, au milieu d’eux. Bien au-delà et au-dessus de la rédemption, de la remsie en état de la création, il y a l’aboutissement et l’achèvement, inimaginable et tant souhaité.

[1] - Daniel VI 2 à 28 ; cantique de Daniel III 68 à 74 ; évangile selon saint Luc XXI 20 à 28

mercredi 25 novembre 2009

lecture du Coran - sourate 6 33 à 73



soir du mercredi 25 Novembre 2009


J’ouvre plusieurs index : les mots-thèmes (Autre, Signe, Ecrit, Relèvement…), les récurrences bibliques (surtout dans les psaumes quand ceux-ci sont une apostrophe directe). A vérifier dans la chronologie des sourates, l’hypothèse d’un départ du ministère prophétique, comme un rappel à l’ordre, sans prétention dogmatique, et encore moins sans hostilité au judéo-christianisme, une sorte de réformation, d’exhortation à un retour aux sources, à une pureté de foi. Dieu seul… A partir de quand le Prophète ne comba-t-il plus seulement le refus de la foi ou le manque de zèle (quoique ma lecture jusqu’à présent me centre davantage sur la foi que sur les oeuvres ou le comportement, de comportement au fond que spirituel) mais s’attaque-t-il à l’erreur, au polythéisme, donc à la foi chrétienne, la Trinité. Il y aurait d’ailleurs à voir que le dogme trinitaire et ses définitions n’ont pas été immédiats dans l’histoire de l’Eglise, même si – pour le chrétien – la Trinité est implicite, dès les premiers versets de la Genèse, le Christ ne faisant que l’affirmer et la révéler en Sa personne-même. Pourquoi le Prophète en voudrait-il aux juifs et aux chrétiens, s’il n’est que réformateur ? pour les mêmes raisons ? ne pas le suivre, lui ? alors même que son message est parfaitement acceptable par ceux-ci. A quel moment et pourquoi la rupture se produit-elle ? sur quoi ? importance de la lecture chronologique.


sourate 6 33 à 73


Tribulations du Prophète – ce qu’ont notamment subi Elie, après lui Jérémie et que rappelle Jésus . Déjà les Envoyés, avant toi, furent traités de menteurs par ceux qui persévéraient dans leurs mensonges et leurs persécutions… leur répulsion est pesante pour toi… mais déjà l’inspiration des Envoyés t’arrive… déjà nous avons envoyé, avant toi, des messages aux matries… au contraire, leur cœur s’endurcit : le Satan embellit pour eux ce qu’ils font. Belle description du travesti opéré sur ceux qui refusent de croire. Argument répété sur l’un des empêchements à la foi : que leur être ne se perde pas en ce qu’ils acquièrent… ceux-là sont perdus par ce qu’ils ont acquis. Pénétration psychologique.

Place des prophètes dans le ministère : nous n’envoyons d’envoyés qu’en annonciateurs, en alerteurs. Le Prophète se met en scène : Je ne vous dis pas : « Je suis un messager » - je ne suis que ce qui m’est découvert 50.Je n’ai pas ce que vous revendiquez de moi 57Ah, si j’avais ce que vous revendiquez de moi, l’affaire serait décidée entre vous et moi. Allah connaît bien les fraudeurs 58Je ne vous dis pas : « les trésors d’Allah sont à moi ! », je n’en connais pas le mystère 50. Humilité et accent indubitable de sincérité. Et constat qui va loin, y compris dans la relation dialectique et historique de l’Islam avec le judéo-christianisme : A toute prophétie, son temps : vous le saurez ! 67 Quelle est la mission du Prophète ? Alerte ceux qui craignent d’être réunis à leur Maître : hormis Lui, pas de protecteur nini d’alerteur… Contemple comme nous déclinons les Signes. Peut-être comprendront-ils ? Allah comme Yahvé, Dieu dans la Bible, Dieu dans le Coran soutient son prophète, le maintient dans une interrogation positive devant ceux qu’il cherche à convaincre, avec même des trouvailles pédagogiques pour Mahomet : quand tu vois ceux qui contestent nos Signes, écarte-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils contestent sur un autre sujet 68, …ne t’asseoie pas avec le peuple des fraudeurs (cf. psaume I)détourne-toi de ceux qui prennent leur foi pour jeu et divertissement 70.

Allah s’adresse directement à son Prophète : Quand viennent à toi ceux qui adhèrent à nos Signes, dis : « paix sur vous… que celui de vous qui agit mal par ignorance puis retourne ensuite et se corrige… Ne repousse pas ceux qui implorent leur Maître, matin et soir, voulant sa face (formulation biblique par excellence : rechercher la face de Dieu). Leur compte ne te concerne en rien, et ton compte ne les concerne en rien. En les repoussant, tu serais parmi les fraudeurs. Dans ma première compilation du Coran, seulement visuelle et pour les introductions, afin de me donner une chronologie approximative de la proclamation des sourates, repéré celle intitulée Il se renfrogne (80) le Prophète s’irrite contre un interrupteur de son prêche, un aveugle… est lui-même pris de troubles oculaires et de vertiges et doit se repentir. Nous éprouvons ainsi les uns par ce que nous donnons aux autres, pour qu’ils disent : « N’est-ce pas ceux d’entre nous qu’Allah comble ? » Allah ne connaît-il pas mieux ceux qui le reconnaissent ?53 Merveille de psychologie de la vie courante de gens censés pieux et remplis du sens de Dieu.

Ce dialogue de Dieu avec son envoyé, et du Prophète avec ceux qu’ils veut convertir, donne aussi un enseignement sur Dieu-même. Lui, l’Invincible… leur maître de vérité… Lui, le meilleur des décideurs … à lui, le Royaume, Lui, le connaisseur du mystère et du témoignage, Lui, le sage et l’informé. Souveraineté de Dieu : c’est Lui que vous appelleriez : il élimine ce pourquoi vous l’appelez, s’il le décide… Voyez-vous, si Allah prenait votre ouïe, votre vue et scellait votre cœur, quels Illah, sauf Allah, vous les redonneraient-ils ? Et nous mène à deux événements. La commune origine textuellement, la Genèse : Le jour où il dit : « Sois ! », c’est ! Son Verbe : la vérité 73. La communion de la vie éternelle : Oui, élevez la prière, frémissez d’Allah, lui, vers qui vous serez rassemblés.

votre persévérance - textes du jour

Mercredi 25 Novembre 2009


Prier… tu n’as pas rendu gloire au Dieu qui tient dans sa main ton souffle et toute ta destinée. [1] Deux échos, celui du Coran et de son imprécation constante conbtre les idolâtres et les polythéistes et le Cantique des créatures de François d’Assise, aussi bien que le psaume terminant l’office de Laudes : vous les astres du ciel, bénissez le Seigneur ! vous toutes pluies et rosées, bébissez le Seigneur ! vous tous, souffles et vents, bénissez le Seigneur ! et vous la fraîcheur et le froid, bénissez le Seigneur ! leçon de prière, tandis que la pluie est, ici et maintenant diluvienne, et qu’hier, visage souvent de mourant, mon ami m’assure que tout est grâce, qu’il est un enfant dans la main de Dieu, qu’il est heureux, pour conclure, d’une voix faible au possible « c’est bien parti, je suis heureux ». Que de miracles j’attends et demande aujourd’hui, tandis que Jésus prédit tribulations et procès à ses disciples : ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage. Et comment, en étant confiant et transparent : je vous inspirerai un langage et une sagesse, une manière d’être. C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. . L’impasse totale et de là le soleil ? la collection d’échecs, l’impuissance avérée et … ?

[1] - Daniel V 1 à 28 passim ; suite cantique Daniel III 62 à 67 ; évangile selon saint Luc XXI 12 à 19

mardi 24 novembre 2009

lecture du Coran - sourate 6 13 à 32



soir du mardi 24 Novembre 2009


Aisance et plaisir. Un enseignement qui me semble plus proche de l’accompagnement spirituel que d’une révélation dogmatique. Une psychologie qui n’est de l’homme ni de Dieu. L’homme n’intéresse que selon sa foi ou son désir, et Dieu ne pouvant se dire, sinon par Lui-même. Se dire par un autre ? Le Prophète ne dit pas Dieu, il lui prête sa bouche. Psychologie pourtant : celle de la relation. De la relation que Dieu demande à l’homme d’avoir avec Lui radicalement et sans partage. De la relation qu’a l’homme avec Lui : relation donnée, reçue, gratuitement. Sans qu’a priori se pose la question de l’élection ni de l’homme par Dieu (humanité, création ou personne individualisée), ni de Dieu par l’homme.

sourate 6 13 à 32

Si Allah te touche par une calamité, nul ne t’en délivrera, sinon Lui. S’il te touche par un bonheur, il est puissant en tout. C’est l’un des thèmes du psalmiste. Le texte se présente soudainement comme une objurgation dont le Prophète n’est qu’un truchement : dis et c’est répété six fois. L’unicité de Dieu, unique référence : ceux qui y perdent leur être n’adhèrent pas à Lui. Qui fraude plus que l’inventeur d’un mensonge contre Allah, ou d’un mensonge contre ses Signes ? Illogisme foncier de l’incrédulité et du refus de croire : contemple comme ils mentent contre eux-mêmes, ils se fourvoient loin de ce dont ils se languissaient… ils ne font dépérir qu’eux-mêmes. Et le refus de croire qu’est-ce ? ils disent : « il n’y a que notre vie en ce monde ! Nous ne serons pas rappelés ! » Ceux qui nient la rencontre d’Allah sont déjà perdants. Le raisonnement du Prophète n’est pas seulement fondé sur le jugement final, sur la fin du monde, sur la révélation que manque l’incroyant : ce qu’ils dissimulaient naguère leur sera montré, il tient à la nature-même du refus de croire. La Bible, le judaïsme, le christianisme situent la foi comme un problème, celui de croire en une parole, en une promesse, en un don de Dieu, tandis que l’Islam prêché par le Prophète, crié et proféré par le Prophète montre ce qu’est la foi par son contraire. Jusqu’à présent, je rencontre davantage une adresse à ceux qui refusent de croire, plutôt qu’aux croyants. Le Prophète s’intéresse et va aux récalcitrants. Et ceux-ci ne le sont pas vis-à-vis de lui, de sa mission et de ses paroles, ils sont récalcitrants directement et explicitement à Dieu. Le refus de croire est une dramatique erreur, aux conséquences lourdes pour l’avenir, et surtout il manque dès à présent de fondement : ils ne font dépérir qu’eux-mêmes et ne le conçoivent pas. Refus qui peut aussi bien être une contestation : s’ils voient un signe, ils n’y adhèrent pas. S’ils viennent vers toi, ils te contestent. Ceux qui effacent disent : « Oui, ce ne sont que racontars de primitifs ! » que le polythéisme, ce qui amène à la profession de foi décisive qui en est le contraire : témoignez-vous de ce que d’auprès d’Allah, il existe d’autres Ilahs ? ». Dis : « Je n’en témoigne pas ». Ainsi, la foi est le refus du refus de Dieu.

Si le Coran se distingue par cette dialectique, en revanche ce que je suis en train de lire a textuellement des accents bibliques, et même évangéliques : parmi eux, il en est qui viennent t’écouter, mais nous avons sur leur cœur une gaine pour qu’ils ne le comprennent pas. Tandis que le croyant s’ancre en logique : Changerais-je d’Allah, prendrais-je un autre protecteur, Lui, le fendeur des ciels et de la terre, Lui, le nourricier, le non nourri. … Eh quoi ? la vie de ce monde n’est que jeu, divertissement. L’Autre est meilleure pour ceux qui frémissent ! Ne le discernez-vous pas ? Apport à la présentation biblique de la résurrection et du « jugement dernier » : le jour où nous les rassemblerons tous. Pour la Bible et le chrétien, le rassemblement et l’unité se travaillent dès ici-bas, il semble que pour le musulman ce soit plutôt un aboutissement ultime.

Si l’on admet que le Prophète n’a rien écrit lui-mêle mais que tout a été recueilli de mémoire par ses disciples pour n’êrre consigné par écrit qu’après sa mort, comment comprendre le verset 20 : ceux à qui nous avons donné l’Ecrit le connaissent, comme ils connaissent leurs fils ? et qui sont ceux auxquels il s’adresse ? Les païens ? il semble que le commentaire autorisé assure que sont visés juifs et chrétiens. Ce n’est pas pour autant une déclaration sur des incompatibilités religieuses ou des hiérarchies dans la fidélité à une révélation ou à une proclamation. D’ailleurs, l’Ecrit peut fort bien être la Bible elle-même, et non le Coran encore à naître. Disputer cela n’avance guère spirituellement.

Question que pose la traduction de Chouraqui : les associateurs ? Ne soyez pas des associateurs 14, ou bien : où sont vos associés, ceux que vous étiez à revendiquer ? 22

Je reste ce soir sur l’assurance de la résurrection (a contrario, les incrédules, nous ne serons pas rappelés) 29, sur la perspective que le dernier jour est celui du rassemblement 22, enfin sur l’évocation de la rencontre d’Allah avec cet accent analogue à celui du psalmiste : voici son ordre pour moi, que je sois le premier de la pacification 14.

ne vous effrayez pas - textes du jour

Mardi 24 Novembre 2009



… espérer. Prier [1] : une interprétation à usage particulier de l’histoire politique d’un royaume et d’une dynastie, le sens de l’histoire, le discernement rare, celui qu’en a Daniel, le surdoué de sa génération et le favori du prince, lui est donné. Une escathologie dont se sert également le Christ. Nous sommes – dans le dire de l’Ancien Testament comme du Nouveau – devant un champ de ruines. Seul mot du Christ. Ne vous effrayez pas. Il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera ps tout de suite la fin. Humainement, nous ne savons rien de l’avenir, si peu du présent, et si mal du passé. Ce ne sont pas nos dimensions. Ne marchez pas derrière eux !

[1] - Daniel II 31 à 45 ; suite du cantique de Daniel III 57 à 61 passim ; évangile selon saint Luc XXI 5 à 11

lundi 23 novembre 2009

lecture du Coran - sourate 6 1 à 12

soir du lundi 23 Novembre 2009


sourate 6 1 à 12

Ce semble une apostrophe à l’incrédulité. Arguments déistes : Il crée les ciels et la terre, il met les ténèbres et la lumière, arguments spiritualistes : lui, il vous crée et vous fixe un terme, un terme ixé par Lui. Vous en doutez alors ! … Ils avaient déjà nié la vérité, quand elle est venue à eux, mais bientôt l’inspiration dont ils se raillaient, leur sera donnée – et arguments historiques : ne voient-ils pas combien nous avons détruit de générations avant eux ? Nous les avions fortifiés sur terre plus que nous ne vous avions fortifiés, nous leur avons envoyé, des ciels, l’abondance, et nous avons mis les fleuves qui, sous eux, courent. Nous les avons détruits pour leurs crimes, et nous avons fait naître, après eux, d’autres générations. Ici apparaît une différence essentielle entre la pédagogie biblique et celle du Prophète. La Bible se fonde sur la parabole historique – vêcue par les Hébreux – de la sortie d’Egypte, avec les pérégrinations, les infidélités et les retours à Yahvé qui ont suivi celle-ci ; elle articule le Nouveau Testament sur l’accomplissement de l’Ancien, tandis que l’Ancien détaille à la fois l’attente du salut et les raisons toujours antérieures et ancestrales d’y croire, jusqu’à l’acte de foi décisif inaugurant tout : celui d’Abraham. Abraham ancêtre commun dans la foi monothéiste. Le Prophète s’appuie moins sur l’histoire vêcue que sur la logique humaine d’une part et la révélation de la transcendance divine. Mais il rejoint la maieutique du Christ à propos des signes donnés aux incrédules, sans que ceux-ci en soient ébranlés. Il ne leur est jamais donné de Signe, parmi les Signes de leur Maître, sans qu’ils soient à s’en détourner. … Si nous avions fait descendre à toi un écrit sur parchemin et qu’ils l’aient touché de leurs mains, ceux qui effacent Allah auraient dit : « Ceci n’est que sorcellerie évidente ». Le Prophète comme le Christ, révèle, mais – au contraire de celui-ci – il ne prétend pas être par lui-même, en lui-même, parole de Dieu, signe-même de Dieu. Le Prophète n’est que prophète même s’il clôt tout cycle de la révélation (du moins à ce qu’il me semble avoir entendu jusqu’à présent de l’Islam, il se peut que je trouve l’amorce d’une attente et d’un autre à venir, dans la suite de cette lecture).

C’est cependant cet argument qu’examine le Prophète, que fait examiner le Prophète : Ils disent : « Si un messager descendait sur lui ! ». Or si nous faisions descendree un messager, ils n’attendraient plus rien : leur affaire serait réglée. Suit un verset troublant – le premier qui m’atteint à ce point, je ne sais si je le lis correctement (mais lire correctement ce que je lis, est-ce lire selon une éducation coranique traditionnelle ? ou en chrétien ? et puis-je lire n’étant ni chrétien ni musulman ? puis-je approcher un texte présenté comme révélé – la Bible est plutôt dite : inspirée - ? je lis simplement…). Si nous avions fait un messager, nous l’aurions fait homme, et revpêtu de ce dont ils se revêtent. Donc littéralement l’incarnation ! De qui ? à lire et comprendre, ce ne peut être que le Fils de Dieu, et le passage induirait non seulement l’Incarnation, mais la Trinité… je vais loin.

Contrairement à la Bible qui met en avant – comme le Christ dans l’Evangile, prophétisant sa propre mort à l’instar des prophètes l’ayant précédé – le mauvais accueil des envoyés de Dieu par les Juifs, la Bible qui nous fait voir un peuple dévoyé, le Prophète au contraire souligne ce qu’il arrive à ce peuple : le châtiment des mécréants : Marchez sur terre et contemplez alors le châtiment des menteurs. La punition est tout simplement la logique-même du refus de croire : ceux qui se perdent, les voilà, ceux qui ne croient pas ! je note d’ailleurs, ce qui – je crois – récurrent dans toute la révélation du Prophète, un universalisme au discours direct, alors que la Bible s’adresse originellement à un peuple particulier, lequel – infidèle – se voit substituer l’universalité, pour être dans d’autres moments soit historiques, soit dialectiques, « le petit reste ». La Bible est au départ ethno-centrique, elle se fonde sur la foi d’Abraham et prescrit à ses descendants de ne pas risquer les contagions du paganisme. Au contraire, l’Islam se veut propagateur. Mouvement qu’aura le christianisme – avant lui - et qui n’était pas le principal du germe de l’Ancien Testament.

béni sois-tu ! - textes du jour

Reprendre… prier… début de la,longue histoire de Daniel et de ses compagnons. L’élite du peuple juif en exil à Babylone. Une vocation précoce est une rencontre, Dieu les entoure de sa providence (la benveillabce de l’intendant et du chef des eunuques) et l’appelé a un discernement et une piété évidents (le régime alimentaire et l’option de fond). Produit exceptionnelle en ressources humaines : les saints dans l’histoire. Mais rien d’extraordinaire dans l’absolu ? le roi les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et devins du royaume. La veuve, l’obole : cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde. L’appréciation est exclusivement celle du roi, de Jésus, de Dieu. Nous ne savons rien et n’avions rien à savoir sinon pour aimer, de ce que valent les autres, de la manière dont ils se construisent avec ou sans Dieu. Nous appartient seulement notre réponse à Celui-ci selon nos moyens et nos forces, mais nous sommes évalués, appréciés, regardés, pesés. Nos dons et talents viennent de Dieu : science et habileté en matière d’écriture et de sagesse. Daniel, en outre, savait interpréter les visions et les songes, ce qui pour l’époque, était suprême, comme aujourd’hui serait le talent de faire fructifier à travers toutes circonstances et réglementations, des fonds… Daniel répond par un chant de bénédiction, un acte de foi et de reconnaissance, il sait ce qu’il lui vient de Dieu, quant à la veuve, l’évangile ne dit que le regard de Jésus sur elle, son geste dépasse toute prière tout dialogue. [1]

[1] - Daniel I 1 à 20 passim ; cantique Daniel III 52 à 56 ; évangile selon saint Luc XXI 1 à 4

dimanche 22 novembre 2009

lecture du Coran - sourate 76

soir du dimanche 22 Novembre 2009


sourate 76

Choisi depuis hier cette sourate, thème le temps, selon mon présentateur. Elle fait écho d’emblée à la première que j’ai lue (La goutte) : Nous créons l’humain de sperme mêlé. Nous l’éprouvons le faisant entendre et voir. Avant même le temps, L’humain. Etait-il un temps où l’humain n’était pas mentionné ?

Le Prophète insiste sur l’accompagnement divin de toute vie, sur tout chemin. Retrouver, au moins dans les psaumes, cette même expérience-constatation d’une constance divine à nous entourer, et à considérer la vie comme un mouvement sur un chemin, et non comme une posture statique, défensive, acquise. Nous le guidons sur le sentier qu’il reconnaisse ou qu’il efface Allah. J’aime cette traduction de ce que je ne sais quel terme littéral de l’arabe pour effacer. Ce qui suppose et fait voir une action voulue positivement par l’homme, attitude qui n’est pas de refus mais de reniement. Le psaume du berger et de la table mise est ici aussi : Voici, les lumineux boiront à la coupe parfumée camphre, source jaillissante où boivent les serviteurs d’Allah, ô jaillissements. Thème également biblique de la source jaillissante. Les pauvres, les orphelins, les captifs. Véritable décalque et ambiance analogue, inspiration unique. Rétribution divine : ils s’acquittent de leur vœu, craignant le jour où le mal universel sera déployé…Mais Allah les protège du malheur de ce jour, il leur offre l’éblouissement, l’allégresse. Thème de la lumière qui est différent de celui de la Bible où il n’est que la lumière primordiale, la lumière de Dieu : pour le Prophète, il y a la luminescence humaine, le don de la lumière.

Description que nous n’avons pas d’un paradis précis, imagé, poétique. Il les rétribue dans un jardin, parés de soieries, accoudés sur des trônes d’où ils ne craignent soleils ni gelées. Sous les ombrages, des fruits leur seront humblement offerts, circulant parmi eux sur des plateaux d’argent et dans des calices de cristal, de cristal et d’argent harmonieusement ouvragés. Ils seront abreuvés, là, dans des coupes aux mélanges de gingembre, auprès d’une source au nom de Salbsabil. Ce nom est-il en géographie ? qu’évoque-t-il pour l’Arabe, le musulman ? Parmi eux circulent des éphèbes immortels : les voyant, tu les prendrais pour des perles serties. Les voyant, tu verrais le ravissement du grand royaume. Ils portent des vêtements de soie verte, des brocarts, et sont parés de bracelets d’argent.

Si l’image diffère de celle de la Bible, plus sensible à l’union nuptiale de la créature avec son créateur, le concept de rétribution et son application en termes de destinée est le même. La recommandation de fidélité, après la Pâque et la sortie d’Egypte, est donnée en des termes analogues : ceci est un mémorial. Qui le décide prendra le sentier de son Maître. Et c’est l’expérience ensemble du mystère de la grâce et de la liberté. Ce sentier, vous ne le déciderez qu’autant qu’Allah le décidera… Il fait pénétrer en sa grâce qui Il décide.

Au passage m’est donné l’un des exergues de mon livre, en gestation, sur la France et son prince régnant : ceux qui aiment l’éphémère s’aliènent le jour grave.

à lui qui nous aime - textes du jour

lecture du Coran - sourate 22

j'habiterai au milieu de toi - textes du jour

vendredi 20 novembre 2009

lecture du Coran par un chrétien - sourate 110

il était chaque jour dans le Temple pour enseigner - textes du jour

Vendredi 20 Novembre 2009



Anniversaires hier et aujourd’hui et après-demain. Les rythmes de la mémoire humaine, besoins de célébration ou dons qu’improvisent les souvenirs parce que nous les datons et les accrochons au présent . Entamé hier la lecture du Coran [1], voir, comprendre, communier et sans doute prier d’une autre manière que celles reçues-apprises jusqu’à présent. Coincidence avec la mise en pratique d’une résolution de débroussaillage et entretien de notre paysage immédiat : cela chaque jour aussi. Education de notre fille et consultations qu’organise le système scolaire que nous avons choisi et qui, par chance ? est si heureux. Enfin, dans tous ces commencements et ces structures, ce dont personne ne sait rien tant l’a priori est minuscule au regard des nécessités et des espérances : le choix par quelques personnages à huis clos de qui devrait représenter près de quatre cent millions d’Européens. De ce qui est l’aboutissement d’une série de plus en plus claire d’erreurs et de compromis toujours au plus petit commun dénomateur, peut-il sortir une mutation : j’en doute, sinon que les grandes naissances sont cachés et que l’Histoire fait toujours apparaître aussi bien ce qui manquait que les conséquences de nos erreurs. Quoi balancera quoi ? Arriver à l’autel du matin si chargé et si démuni, impuissant. Il était chaque jour dans le Temple pour enseigner. Il y avait donc rendez-vous. Le peuple tout entier était suspendu à ses lèvres. Succès de Dieu… tandis que les chefs des prêtres et les scribes, ainsi que les notables, cherchaient à le faire mourir. Les chefs pas le peuple. Les événements sont des rencontres du Christ, abordés par les plus quelconques, mais les rencontres sont personnelles, individuelles et elles produisent quelque chose, la foi, le miracle, l’échange de regard, tandis que les chefs ne sont pas individualisés et font un système, un régime, ils ne produisent qu’un seul type de raisonnement et d’attitude (parabole pour aujourd’hui ? en politique, en économie ? langage des sectes ? et parfois des apparences religieuses selon les hiérarchies ?). Jésus entra dans le temple et se mit à expulser les marchands. Dénaturation, avec le temps et avec nos penchants, de nos résolutions et orientations de vie, tandis que les débuts sont souvent des triomphes, notre besoin de sanctifier et célébrer (tournant à la cécité ou à l’adulation ? Le nouvel autel édifié après la victoire de Judas Maccabée… Il y eut une grande joie dans le peuple, et l’humiliation infligée par les païens fut effacée. Rite de l’anniversaire (qui rejoint mes propres éphémérides): l’anniversaire de la consécration de l’autel serait célébré pendant huit jours chaque année à cette date, dans la joie et l’allégresse. Nos conciliations humaines, nos fabrications et le dérangement par Dieu : Ma maison sera une maison de prière. Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. Nos vies, notre monde, nos époques, ma vie, ce jour, ces partages, ces travaux, les amours dont nous avons la responsabilité en nous et pour autrui. [2]. Mon père spirituel – conseil rare et fort, toujours – méditer et lire, soit, mais l’oraison, pointe et don de la prière. Bible, Coran, chant d’action de grâce quand je travaille manuellement et en constate le produit, mais au-delà et en tout cela, prière jusqu’au bouquet, fait en mains d’aveugle qu’est la liturgie, parabole de la vie aboutie ou offerte. Le chemin est immense, magnifique, j’y suis depuis longtemps et avec tant d’autres, mais j’en vois ce matin la largeur, et qu’il continue jusqu’à d’indicibles oraisons dont seule la foi permet que je ne m’en épouvante pas tant je suis faible et peu apareillé, outillé pour la vie, la vie humaine et – me dit-on – la vie divine. La vie divine, la demander et la recevoir, seulement en priant, en attendant, ouvert.

[1] - avis donné aux destinataires de ma méditation quotidienne :
ré-entreprise - après un début l'été de 2006 tout autrement – cette lecture afin de connaître, comprendre un peu mieux et peut-être dialoguer et communier avec des amis musulmans, mes chers Mauritaniens, dans l’urgence d’un œcuménisme que le monde attend de tous les adeptes de Dieu et de la prière… je ne vous l’adresserai, en principe quotidiennement, qu’à votre demande

[2] - 1er livre des Martyrs d’Israël IV 36 à 59 ; cantique 1er livre des Chroniques XXIX 10 12 passim ; évangile selon saint Luc XIX 45 à 48

jeudi 19 novembre 2009

lecture du Coran par un chrétien

journal au Mont Athos - extraits . 10 Juin 1984

au désert ? - textes du jour

Jeudi 19 Novembre 2009



La prière nue. [1] Alors beaucoup de ceux qui recherchaient la justice et la loi s’en allèrent vivre au déser. Hier soir, le compte-rendu d’une pièce de Michel Onfray, ce philosophe, cinquante ans environ, qu’affectionne ma femme depuis une semi-lecture, celle qui ensemence : sa tentation monastique, la cabane au fond du jardin selon Démocrite, par horreur du monde contemporain. Je ne pense pas que ce soit l’attitude juste même s’il y a l’exil des congrégations, celui-là forcé, après la loi de 1905 chez nous, même s’il y a eu Londres. Nous devons rester dans le monde, protester et lutter. Ou bien une stratégie de reconquête ? de l’extérieur. A cette vue, Matatthias s’enflamma d’indignation et frémit jusqu’au fond de lui-même : il laissa monter en lui une légitime colère, courut à l’homme, et l’égorgea sur l’autel. Quant à l’envoyé du roi, qui voulait contraindre à offrir le sacrifice, Mattathias le tua à l’instant même, et il renversa l’autel. Il s’enflamma d’ardeur pour la Loi… Je ne sais… sinon la révolte contre la laideur et la bêtise de l’ensemble de ce que je vois, et la conscience de ma propre faiblesse pas du tout pour renverser les idoles, mais simplement subir et supporter les conséquences de mes imprévoyances, de mes insuffisances, la souffrance de celles qui me sont chères, tandis que malades ou déprimés d’autres ont mal bien plus encore que nous. S’il y a un lien, entre la société et nous, c’est que nous ne composons pas celle-ci assez bien, et que celle-ci aggrave nos mal-êtres, nos maladies physiques et morales et qu’au total on va en venir aux aberrations que la mort serait plus digne que l’existence… sans préjudice d’éventuelles protestations, mal informées et mal dirigées contre des projets de législations ou des jurisprudences : nous sommes si mal placés parce que pas assez saints, pas assez complets. Nous ne pouvons guère que dire, auprès du Christ : si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la paix ! Mais hélas, cela est resté caché à tes yeux… parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait. Détresse du Christ devant sa ville, devant son époque, devant l’humanité, et, nous, maintenant et à cette heure (conclusion du Je vous salue, Marie…), ne pas manquer de voir, écarquiller les yeux, dilater notre âme car Dieu dans l’obscurité de nos détresses et au fond de mon impasse, arrive, est là : invoque-moi au jour de détresse : je te délivrerai, et tu me rendras grâce. Le désert est autre qu’un repli, il est combat et discernement. Non contre autrui ou le monde, mais vis-à-vis de nous-mêmes, il est chemin, rencontre. Dialogue d’il y a vingt cinq ans, au Mont-Athos, deux de mes jeunes VSN, Macaire d’origine française, le monachisme et son évocation de centaines de milliers de moines passés là depuis deux mille ans et à faire et vivre quoi : lutter contre les passions. On s’aperçoit que la plus grande communication, c’est le silence et la méditation. La communication n’est pas un moteur, elle est une preuve de normalité. … La charité ? L’amour, le désir de sacrifice et d’union, un sens d’amour qui croît pour les gens qu’on ne rencontre jamais. Une sorte d’embrasement croissant de tout l’univers. … Une immolation, un sens de la communauté. Mais le sens de l’Esprit, c’est la prière qui se fait principalement seul dans sa cellule. La prière au sens large : la lecture de l’Ecriture sainte. Principalement, la prière simple. La vie mystique est tellement riche, la prière de Jésus. … L’office liturgique est une science, pour se lier au mouvement du temps, et l‘ouvrir sur une autre dimension, la transfiguration, lui faire porter un reflet de l’éternité. Par exemple, dans le monde, on compte les jours du matin au soir. En liturgie, on les compte du soir au matin. En effet, dans le monde extérieur, on passe de la lumière aux ténèbres alors que dans la liturgie, monde transfiguré, on passe des ténèbres à la lumière. Notes que je retrouve hier soir par « hasard ». 10 Juin 1984… quelques semaines plus tard, une tempête m’enferme dans l’île de Samothrace, inaccessible trois jours au bateau du retour, dans mon sac à dos je n’ai – « hasard – que l’exemplaire de ma grand-mère de l’histoire d’une âme, édition avec cul-de-lampe et « expurgée ». – Voici notre fille qui s’éveillée, monte me dire qu’elle a peur, la porte de la salle-de-bains ouverte, je la redescends à son lit, dans mes bras, et lui ai montré qu’hier sor en l’embrassant comme elle dormait déjà, j’avais fermé cette porte. C’est, à l’heure byzantine, à peine le début de la messe concluant l’office commencé à minuit, à la seule lueur des bougies, pour des chants que le profane en grec de Chrysostome, ne peut comprendre. Je continue de ne me souvenir de ne m’être jamais ennuyé ces nuits-là, ni d’avoir eu quelque mal à retser éveillé. Le jour se levait, ces étés-là, au canon de la messe et au Notre-Père, alors, nous du monde extérieur, nous retrouvions nos repères et la langue de nos chemins, tout avait conflué. Société… et le premier cri de la chouette, deux fois bien tranquilles. – Ce qui n’empêche pas de mourir, et la mort n’empêche pas d’espérer en elle et au-delà d’elle, jusqu’à elle.

[1] - 1er livre des Martyrs II 15 à 29 ; psaume L ; évangile selon saint Luc XIX 41 à 44

mercredi 18 novembre 2009

le tabernacle et la rue

je n'obéis pas ... j'écoute - textes du jour

Mercredi 18 Novembre 2009



Notre besoin de tendresse infini, peu dit, bougon quand quelque chose s’administre, il y faut le secret pour que la pudeur ne tombe qu’en nous-mêmes. Celle de recevoir. Test imprévu, hier après-midi, la circulation d’une série d’images délicieuses d’animaux candides ou en très bas âge, les réponses que je reçois ressemblent à cet ébrouement des arbres sous une pluie inattendue mais espérée. Secours, également imprévu, dans mon exercice de lutte contre la stérilité (une lettre ouverte au prince régnant sur lui et la France, déclenchée par le compte-rendu d’un film A l’origine, inspiré d’un fait-divers, la parabole pour nous en ce moment, m’a paru si évidente qu’elle m’a mis, de force, la plume en mains mais il me faut avancer et conclure. Et vite…) : une relation amicale, une des rares qui me soient restées depuis mon rappel du Kazakhstan, m’assène deux cadeaux avec une tranquillité joyeuse et virile, il lit mon blog. et y a lu mon démarrage. Il m’apprend une phrase lue à de la Chapelle-en-Vercors : « je retiens la belle idée de créer un musée de l’Histoire de France…qui apprendra l’Histoire au nom de l’avenir ». Il me donne d’être peut-être utile et nécessaire, et me relance. Endormi en lisant d’abord un article sur le dernier livre de Sylvie Germain, que je tiens à l’égal d’Annie Ernaux (de Christiane Singer, de Claire Gallois chacune dans leur voie), comme l’une de nos grands écrivains actuels, plus par la puissance, l’imagination, le don de nous mettre à l’intérieur de ce qu’elle raconte que par un style qui, mais c’est bien, n’est que serviteur : il s’agit d’une conviction de Lévinas, tout est dans la relation à autrui, la vie c’est cela, et la relation à autrui, c’est le regard sur son visage (clé donnée en passant sur notre rapport et notre relation au corps de l’autre de la tendresse à l’érotisme et retour, tous les stades de la maturité et du soin de l’autre, de notre dépassement aussi, mais de notre joie enfin, communion et hymne pour conclure et revenir). Lu ensuite un soufi, l’un des plus grands. Conviction – encore une que me donnent ces jours, ou plutôt que ces jours me font formuler – que l’œcuménisme surtout du « point de vue » ou du point de départ chrétien, est à étendre à toute religion, à toute tentative humaine, à toute assurance d’avoir reçu une révélation. C’est vrai et pratiqué, mais sans doute d’une façon tendancieuse, avec le judaïsme, qui – je ne sais – ne le demande pas, peut-être pas : je n’ai pas approché la conversation religieuse avec des Juifs, seulement la prière, et évidemment les psaumes nous sont communs, l’espérance de l’éternité et du retour en résurrection aussi. C’est surtout vrai de l’Islam qui le souhaite et qui le reçoit, qui ne demande qu’à le donner et à en être. Pour des raisons de fond et pour des motifs d’actualité. Le dire de mon soufi commence par une adresse à nous tous, fils de David…, quant aux intuitions et aux recommandations, elles sont nôtres ou les nôtres sont siennes. Communion que cette lecture d’avant le sommeil.

La suite du récit des martyrs d’Israël. Après Eléazar, le noble vieillard, les sept enfants exhortés à la persévérance par leur mère. Accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux au jour de la miséricorde. Je retiens que la résurrection est pudiquement évoquée – avec sa charge d’espérance totale en Dieu seul – en termes de miséricorde, la Sienne. Le souci que le roi-bourreau a d’obtenir l’abjuration, autrement dit la négation d’une identité et d’une œuvre : ce que nous faisons de notre vie, ce que nous y mettons. J’ai tenu mes pas sur tes traces. Comment le psalmiste pourrait-il le dire ? si Dieu ne s’est pas incarné en son Fils, si Abraham ne s’est pas entretenu tête-à-tête avec Yahvé, chacun s’éloignant sereinement après la conversation ? Et la parole si forte qui ne me quitte pas depuis des décennies car elle est la loi de nos sociétés. Celui qui a recevra encore ; celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. Parole qui n‘est pas du Christ mais de l’une des figures de sa parabole des talents. Lui, le Messie, marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem, c’est-à-dire vers son procès, sa condamnation, sa passion et sa mort. Sa résurrection. Vers tout ce qu’Il savait qu’il lui arriverait et qui scellerait enseignement et miracles. [1], tandis qu’à contre-sens total ses auditeurs pensaient voir le royaume de Dieu se manifester à l’instant même.

[1] - 2ème livre des Martyrs d’Israël VII 1à 31 passim ; psaume XVII ; évangile selon saint Luc XIX 11 à 28

mardi 17 novembre 2009

et lmoi, je me couche et je dors ; je m'éveille : le Seigneur est mon soutien - textes du jour

Mardi 17 Novembre 2009


En France, tout se bloque de plus en plus, et dans le monde quelque chose se cherche. Les nuits sont sans lune, je suis accueilli mentalement ce matin par l’image de la montagne, la présence de la montagne, la puissance d’une présence, et l’évidence tonitruante au sens biblique, d’une voix couvrant les éléments, qu’elle est un appel à la foi, un appel à la déplacer, un appel à découvrir notre force, la parabole du Christ comme la trompette non du « jugement dernier » mais de l’éveil à la vie. A la prière, à l’union demandée à Dieu. Il fit un beau raisonnement, bien digne de son âge, du rang que lui donnait sa vieillesse, du respect que lui valaient ses cheveux blancs, de sa conduite irréprochable depuis l’enfance, et surtout digne de la législation sainte établie par Dieu… je laisse aux jeunes gens le noble exemple d’une belle mort. [1] Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois de plus. Zachée, contemporain du Christ et qui chercha à le voir et chez qui le Messie descendit loger. Eléazar, l’un des scribes les plus éminents c’était un homme très âgé, et de très belle allure. L’Ecriture nous donne les plus splendides modèles, aujourd’hui, de foi et d’élan, riches humainement, droits, et à qui il est donné d’aller au but. Pour ceux qui le conduisaient, ces propos étaient de la folie ; ils passèrent subitement de la bienveillance à l’hostilité. Jésus conclut, le sacrifice de l’un et la conversion de l’autre : le salut est arrivé pour cette maison. Vivacité de la foi et des dialogues avec Dieu : il courut en avant… descends vite… grâce que Zachée obtient pour lui autant que pour les siens. Grâce dont Eléazar est porteur : il laissa ainsi, non seulement à la jeunesse mais à l’ensemble de son peuple, un exemple de noblesse et un mémorial de vertu. Depuis que je l’ai vu, rajeuni et rayonnant, sa mère venue à son chevet, mon ami moine au visage transformé ne m’indique pas davantage qu’avant, mais m’accompagne et m’habite, ainsi des vivants et des morts dans nos vies, sommeil et latence de tout, sens et ouverture de tout. La logique d’Eléazar, apparemment fondée sur la continuité de sa vie, en réalité sur la foi. Ne pas se regretter. Et moi, je me couche et je dors ; je m’éveille : le Seigneur est mon soutien.

[1] - 2ème livre des Martyrs d’Israël VI 18à 31 ; psaume III ; évangile selon saint Luc IX 1 à 10

lundi 16 novembre 2009

les deux lois et le respect de la vie . de la personne

à l'instant même - textes du jour

Lundi 16 Novembre 2009
Prier à perdre haleine pour nous-mêmes, pour notre moine frère de vie et de mort, pour ceux qui partagent explicitement et pour ceux qui reçoivent en silence et ne refusent pas. Un aveugle qui mendiait était asis au bord de la route. Entendant une foule arriver, il demanda ce qu’il y avait. Hier après-midi, en ville, notre fille nous bande les yeux à chacun, successivement : je n’aurais pas fait un pas, je poussais l’air de mes mains tendues et ne rencontrais rien, j’entendais et c’était mon seul repère. Il s’écria : ‘Jésus, fils de David, aie pitié de moi’. Pourtant le Seigneur ne lui avait été présenté que comme Jésus le Nazaréen. [1] Le dialogue est de forme, les évangélistes nous y ont habitués (ou seulement Luc ? à vérifier…). Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Seigneur, que je vois – Vois. Ta foi t’a sauvé. Déjà si souvent remarqué, nous sommes co-auteurs de notre gérison, Jésus semble ne seulement constater que l’effet de notre foi (nous ne croyions plus aux effets de notre foi, à notre propre foi…). Je regarde davantage celui que l’aveugle découvre de visu … il s’est arrêté, il a risqué sa réputation, la foule croit en ses « pouvoirs », et si « cela » n’opérait pas. Jésus est au-delà de toute certitude sur lui-même. Figure de la foule, dite : le peuple. L’apostasie au temps des Maccabées : parmi les Israëlites, beaucoup suivirent volontiers la religion du roi, offrirent des sacrifices aux idoles, et profanèrent le sabbat… tous les livres de la Loi qu’ils découvraient, ils les jetaient au feu après les avoir lacérés. Martyre des récalcitrants, cri du psalmiste : j’ai vu les renégats : ils me répugnent, car ils ignorent ta promesse. Mouvements de la foule : ceux qui marchaient en tête l’interpellaient pour le faire taire. Tohu bohu et prière. A l’instant-même, l’homme se mit à voir.


[1] - 1er Martyrs d’Israël I 10 à 64 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Luc XVIII 35 à 43

dimanche 15 novembre 2009

Dieu, est-ce qu'l fait partie de ma famille ? - textes du jour


Dimanche 15 Novembre 2009

L’assaut d’hier matin … Eteint tôt avec un grand moment doux au chevet de notre fille, trois histoires que j’invente après que nous ayons lu-regardé ensemble l’album merveilleusement dessiné, comme des bois sculptés au couteau de ce rêve du renard, qui se passe dans les forêts de Hokkaïdo. Je lui ai dit que j’y étais allé, le temple d’Aguro-San, les peut-être mille marches à monter ou à descendre dans la neige, et la cérémonie à laquelle j’assistais. En as-tu rapporté quelque chose ? Elle m’a demandé si j’avais des photos ? réclamé des histoires, j’en inventais une, celle d’un moine guidé par un chien providentiel depuis qu’il était deven aveugle et ne pouvait plus aller à l’office et le chien apprenant à tous à prier, puis une pour le moine malade, je lui racontais le beau visage émacié, devenu lame de couteau et les vomissements qui le faisaient mourir, il y avait eu sa blague de cacher sa balle parmi les clémentines que j’apporte à mon ami cher, enfin l’histoire d’une petite fille coléreuse qui lance les objets à la tête de ses parents en guise de représailles. Chaque histoire sembla prière et elle conclut, ou avait-elle ouvert le cycle quand je vins m’agenouiller près d’elle pour notre moment devant Dieu : Dieu, est-ce qu’il fait partie de ma famille ?
Cette aube-ci, notre fille éclaire – seule – la nuit des désespoirs et de la folie, et nous indique ce que je n’identifie pas encore mais qui sera la bonne direction. En attendant plus de clarté, il y a ce mot de la Sagesse, retenu il y a quelques matins, la respiration de Dieu, nous sommes, depuis qu’Il nous a créés et à sa ressemblance, à son image (parce que) homme et femme, Sa respiration dans l’univers. [1] Et voici que tout dit la résurrection. Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent. Je le vis, ainsi, hier soir, ce matin, nous le vivons. Mais voici aussi que celui que j’évoquais au chevet de mon ami malade hier, mon cher Michel, s’éveille : en ce temps-là (prophétise Daniel) se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui veille sur ton peuple…Mais en ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront. Je ne m’arrête pas et ne me suis jamais arrêté au départage entre les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles. S’il y a solidarité entre le Fils de Dieu, entre le rédempteur universel et nous, à plus forte raison entre tous les hommes de la faute du premier couple humain à Pâques et à la Pentecôte, quels que soient les crimes ou les différences de culture, de race, de religions, de sainteté apparente ou de médiocrité également apparente de nos vies. Garde-moi, Seigneur, mon Dieu, toi mon seul espoir. … Quand le pardon est accordé, on n’offre plus de sacrifice pour les péchés… le Fils de l’homme est proche, à vos portes. Peut-être est-ce parce que je me suis approché, poussé sans m’en rendre compte, jusqu’à ce seuil, que j’ai tant souffert désespoir puis effleurement de la folie ces heures-ci à ressentir ainsi la souffrance de ma chère femme. Apocalypse, Parousie, nos vies le sont constamment, dans l’instant terreur et folie, impasse et gouffre sans remontée possible, mais dans la réalité salut et surrection, explosion de gloire et de joie.


[1] - Daniel XII 1 à 3 ; psaume XV ; lettre aux Hébreux X 11 à 18 passim ; évangile selon saint Marc XIII 24 à 32

vendredi 13 novembre 2009

quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? - textes du jour

Samedi 14 Novembre 2009


Dernier croissant de lune, ciel pur et constellations qui ne me sont plus familières, très simplifiées, « à droite » de la Grande Ourse et de la lune, sensation d’une étoile de première magnitude qui bougerait lentement, ce qui n’est pas le cas. Des vitesses réelles inimaginables, mais des distances tout aussi inimaginables, d’autant que c’est de même nature, la « sphère des fixes » dit-on. La représentation et l’expérience du monde – de la vie, des autres, diffèrent profondément l’une de l’autre, la synthèse qui nous sauve de la folie ou nous en exonère ne peut se faire qu’à d’autres niveaux, enfer ou paradis, superstitutions de toutes sortes et chacun en a, sais-je même les miennes ? et mystique car la communion dispense d’examen : tout est donné même si peu s’élucide, se dit et se manifeste, plus de marche d’approche ni d’élucubration ? Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? Je dis oui. Car l’humanité, et avec elle tout le vivant si solidaire et attentif, malgré les méfaits, le fatras et l’autisme de l’humaine, l’humanité avance même si elle ne sait ni se dire ni dire. L’humanité ressemble effectivement à ce mauvais juge qu’harcèle une plaignante. Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme vient me tourmenter ; je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête. Jésus donnant cette caricature comme il le fait si fréquemment, aussi bien pour ses disciples que pour la foule, n’a en vue que notre relation à Dieu : il faut toujours prier sans se décourager. L’Ancien Testament, espérance et attente autant que récapitulation, assure déjà que nous sommes exaucés. Image d’une Parole toute puissante (qui) fondit en plein milieu de ce pays de détresse, comme un guerrier impitoyable, portant l’épée tranchante… évocation de toute création : un silence paisible enveloppait toute chose… la création entière, dans sa propre nature, était remodelée au service de tes décrets, pour que tes enfants soient gardés sains et saufs. [1] Tout moment donne à la prière sa force, à cet instant encore le silence sauf la rumeur du vent qui passe et entoure, se renforce et se laisse aller. Il y a le temps des larmes et d’une chute dans la déprime, c’est celui du psaume LIV qui me fut donné avant-hier. Il y a la parabole de toute séparation irrépressible, la petite main de notre fille, dépassant à peine par la vitre baisée quand la voiture hier matin, ma femme l’emmenant en classe, s’éloigne et que je n’ai pas su-pu la saisir à temps, les doigts se crispent et je sais qu’un jour, certainement, nous n’y pourrons plus jamais rien que nous retrouver épisodiquement, chaleureusement dans le mystère dont je ne connais que mon côté vêcu : le souvenir qui me reste et diminue de ceux et celles que j’ai aimés et qui m’aimaient. Tout entier là, je suis aux mains de Dieu, ainsi que tant qui le disent, le vivent et le prient à travers le monde aux heures et aux cultures disparates, aux autres certitudes si différentes, mais celle-là de la mort, de l’amour et de la prière pour leur réconcliation, nous est à tous commune. Et voici la rumeur qui espace son grondement, un orage par ciel limpide mais nocturne, qui s'annonce ? On vit la nuée. Hier, naguère qui sera tout à l'heure, au jour, le peuple entier, que ta main protégeait, traversa en contemplant des prodiges merveilleux. Ils étaient comme des chevaux dans un pré, ils bondissaient comme des agneaux, et ils chantaient ta louange, Seigneur, toi qui les avais délivrés. Je m'accroche à ta Parole, j'en pleure, j'en espère et tout est Toi.

[1] - Sagesse XVIII 14 à 16 & XIX 6 à 9 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc XVIII 1 à 8

pas de voix qui s'entende - textes du jour



Vendredi 13 Novembre 2009



Prier donc… ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse et qui aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter[1] chaque génération et chaque culture, chacun de nous, nous avons tous notre forme de débrouille (pessimiste) pour mener ou subir la vie, sans distinguer si celle-ci est un don des circonstances, une œuvre de nos talents, la conséquence de nos erreurs, une biologie ou une existence d’abord et finalement spirituelle. Parousie, fins dernières, châtiments, avertissements, apparitions… quand soudain les faits sont là, nous sommes toujours pris au dépourvu même quand nos appréhensions nous faisaient anticiper notre terreur. Je crois que quelques-uns en vivent, j’en suis incapable. Que veut dire l’Ecriture ? le Christ ? qu’est-ce que le jour où le Fils de l’homme se révèlera ? précisément, son incarnation, sa mort, sa résurrection sont sa révélation. Les disciples interrogent ni sur l’époque ni sur leur propre salut, mais : Où donc, Seigneur ? La Sagesse, le livre de l’Ancien Testament, tient la révélation pour une évidence ; elle a pour disciples, apparemment, les philosophes, les rationalistes, elle offre son Dieu à Voltaire : ces hommes ne méritent qu’un blâme léger, car ils ne s’égarent peut-être qu’en cherchant Dieu avec le désir de le trouver : ils poursuivent leur recherche en étant plongés au milieu de ses œuvres, et ils se laissent prendre aux apparences, car ce qui s’offre à leurs yeux est si beau ! … S’ils ont poussé la science à un degré tel qu’ils sont capables d’avoir une idée sur le cours éternel des choses, comment n’ont-ils pas découvert plus vite Celui qui en est le maître ? Soit, réponse de Gagarine : il n’a pas vu Dieu dans l’espace, à vrai dire tellement collé encore à notre planète physiquement et mentalement. La laideur du monde, ce sont les hommes, et notamment la gestion qu’ils font de leur société. Tout spirituel, le psalmiste donne la réponse : pas de parole dans ce récit, pas de voix qui s’entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. Horreur ou beauté sont indifférentes, le centre est Dieu que j’appelle. Si c’était en vain, serait-ce défaut de Lui ou de moi ?


[1] - Sagesse XIII 1 à 9 ; psaume XVIII ; évangile selon saint Luc XVII 26 à 37

jeudi 12 novembre 2009

la respiration de Dieu - textes du jour

Jeudi 12 Novembre 2009


Dire à une enfant de pas cinq ans ce qu’est une période, en fait le temps. L’assurer que les dragons n’existent pas. Mais si, ils existent. Ils n’existent que dans l’imagination : de toi, des grandes personnes. Où est alors l’imagination ? Ceux qui tiennent leur journal, intégralité des événements et des pensées, merveille à lire pour des tiers, mais une vie ainsi ? Avec facilité, parce que j’étais déprimé et que cela me rendit une certaine maîtrise des événéments et même de l’autre, j’ai pu écrire le récit d’un moment de ma vie, mais ayant dû interrompre ce travail, je n’ai finalement rien rendu du tout, et je suis incapable tout autant de continuer ou compléter. L’élan était cette écriture, ce n’était ni l’autre ni l’événement qui – eux – se sont évanouis et comme je veux aujourd’hui écrire aussi intensément le présent dont l’héroïne est tout autre, je ne peux même envisager d’y arriver. Simplement parce que la vie ne se raconte pas, elle se vit et que l’amour est une tout autre passion que celle, aux arrêtes vives et coupantes, de ce que disons la passion, parce qu’elle nous blesse, nous fait souffrir et subir, alors que le bonheur nous fait toucher, vivre et comprendre qu’il nous rend acteurs, libres. Ce qui se vit est alors si personnel qu’aucun recueil n’est possible, sinon l’existence. Dieu n’a commencé de se dire et de parler que pour créer puis puis grâce à notre péché – commencement et signe de notre liberté – pour nous en sortir. L’éternité ne se racontera pas. Le règne de Dieu ne vient pas d’une manière visible. [1] Inopinément, le premier appel d’un oiseau, le premier croissant de lune dans un ciel qui l’environne de brume. Comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération. Par un raccourci saisissant, le Christ et son évangéliste-enquêteur disent l’histoire événementielle et datée, autant que la vérité mystique et dialectique, et ils savent ensemble exposer d’abord la mystique et ensuite l’histoire, alors que leur succession aura, apparemment, une chronologie inverse. Déchiffrer ta parole illumine et les simples comprennent. … Car Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse…. Elle déploie sa vigueur d’un bout du monde à l’autre, elle gouverne l’univers avec douceur. Notre fille sait dit : l’univers, quand elle appelle à se réjouir, simplement parce que je vais la rejoindre… écrire un roman est une activité même si la vie en est la matière, mais vivre c’est être et constituer soi-même la vie. La Sagesse, en effet, peut se mouvoir d’un mouvement qui surpasse tous les autres, elle pénètre et traverse toute chose à cause de sa pureté. Car elle est la respiration de Dieu.


[1] - Sagesse VII 22 à VIII 1 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Luc VII 20à 25

mercredi 11 novembre 2009

ils s'arrêtèrent à distance - textes du jour

Mercredi 11 Novembre 2009


Brouillard dans la nuit encore sombre, tout à l’heure, ambiance de fin du monde ou d’aube d’attaque, aucune lumière humaine. Notre fête nationale aujourd’hui, les trois importantes chez nous, une civile et deux militaires, sont davantage des fins de cycle que des débuts de construction. 62% des Français se disent favorables au « débat sur l’identité nationale » ; j’en suis atterré comme si l’identité était à débattre, surtout collectivement, voilà où nous en sommes. Rien ne dit mieux combien nous sommes, en pleine paix apparente mais au sens seulement militaire, proches d’une certaine mort. De Gaulle sortant de chez Paul VI et s’adressant à la « colonie » ecclésiastique : l’Eglise a les promesse de l’éternité et la France ne mourra pas. Ou à peu près. Je dis en passant que le patriotisme européen, qui peut affleurer dans certaines célébrations, mais qui n’est pas encore exprimé, est bien entendu le seul cadre mouvementant et protégeant notre identité propre, mais que de travail, de prière et d’espérance ! pour une survie et une naissance, le couple qui se forme dans la gestation et l’accouchement… et penser pays, c’est penser à ceux qui cherchent, qui subissent, qui sont écrasés ou en désordre, celui que j’aime au Sahel, ceux d’Outre-mer où vit l’une de mes sœurs chères. Toujours, un doute sur l’identité, sur la réalité démocratique caractérisent les peuples qui subissent ou qui tolèrent.

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il y a du Te Deum, chez ce lépreux, compagnon de miracle mais unique dans une prise de conscience, et devant Dieu, devant la vie, à longueur de notre existence quelle conscience humaine plus affinée et plus élevée qu’une action de grâces éperdue, spontanée. Jésus lui dit comme si rien n’avait encore été accompli, ou pour lui révéler-confirmer la part que lui – le lépreux – avait pris à sa propre guérison ? ‘Relève-toi et va, ta foi t’a sauvée. Cela sonne comme ce sacrement que je ne pratique plus, actuellement et provisoirement, celui dit de la réconciliation, naguère on disait la confession, ce qui impliquait une conscience du péché et le besoin exprimé du salut. Le Samaritain, l’infidèle ou le déviationniste, est l’un des héros des évangiles… le ‘beur’ aujourd’hui pour les Français, le proche, l’à-côté mais pas nous… et pourtant le meilleur et finalement le vrai nôtre. Les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse… Le livre de la Sagesse a de la méthode et compte sur les chefs et les élites pour remettre le peuple en marche : recherchez mes paroles, désirez-les ; elles feront votre éducation. L’un de mes héros, Couve de Murville, dont une bonne part de la vie professionnelle se passa autour de tables à écouter l’autre et les autres, commençait, quand il fut brièvement Premier ministre, par dire-recommander : écoutez. Le Souverain de l’univers ne reculera devant personne, il ne se laissera influencer par aucune grandeur ; car les petits, comme les grands, c’est lui qui les a faits, et il prend soin de tous pareillement. Combien j’aime mon Eglise quand elle théorise le régicide (Thomas d’Aquin), quand elle place le roi au premier rang des auditeurs de Bossuet (notre ancienne monarchie était entièrement fondée sur les comptes à rendre à Dieu et sur la conscience du roi, à laquelle explicitement chacun pouvait en appeler : les correspondances de Vergennes à Louis XVI : il ne serait pas de la sagesse du roi de faire telle ou telle chose…), et combien je pleure quand un pape reçoit chez lui un deux fois divorcé et entre dans un palais français, dont son pareil ou son analogue, humainement – en spirituel et en autorité morale (le Dalaï-Lama) – a été interdit. Jean-Baptiste était autrement fécond, même s’il y risquait et y perdit la tête. Vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez. … Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : ‘Jésus, maître, prends pitié de nous’. [1] Puis ayant crié et pleurant, je prie, cela m’est donné. Espérance et présence.



[1] - Sagesse VI 1 à 11 ; psaume LXXXII ; évangile selon saint Luc XVII 11 à 19


mardi 10 novembre 2009

notre devoir - textes du jour

Mardi 10 Novembre 2009


Prier… j’aime ce texte que je découvre de Teresa de Calcutta. De fécondité que la vie-même, ce qui a d’ailleurs son fondement biologique. En politique, en direction d’entreprise, de vérité que la vie de celui qui est à la tête, authentique, adonné au devoir d’état, elle a raison des circonstances-mêmes et sait être inventive. Nos commémorations collectives – plaquées de force et sans le coeur sur des épéhémérides de maintenant si difficiles et attristants – sont des plagiats qui dégoûtent de plus en plus, autant que l’artifice de nos dirigeants. Le Monde en première page débute sa réflexion – qu’il prête à notre épiscopat français : demain, une Eglise sans prêtres ? le livre et surtout le titre de Duquesne firent balle. Quel « pratiquant » ne constate qu’aujourd’hui nous sommes presqu’une Eglise sans peuple : y réfléchir, le communiquer, combien sont réfractaires à cette communication, à cette réflexion ! surtout dans un système qui reste autant hiérarchisé que la politique ou l’entreprise. Il est bon d’arriver au plancher, « serviteur quelconque », fondu dans la tâche et dans la prière. Oui. Vérité du monachisme, vérité de chaque état de vie puisque notre recherche du plan de Dieu sur chacun nous rattrape toujours. Et que cette vérité de nous-mêmes ne nous est donnée que lorsque nous consentons à voir, et avons abandonné nos mouvements browniens. Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites vous : ‘ Nous sommes des serviteurs quelconques, nous n’avons fait que notre devoir ’. La gloire qui n’est qu’intime, de servir. L’époque où la France ne pouvait donner – à titre civil – meilleure salutation à l’un des siens qu’en disant : c’est un grand serviteur de l’Etat. Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comprendront la vérité. … Au jour de sa visite, ils resplendiront, ils étincelleront comme un feu qui court à travers la paille. Ils seront les juges des nations et les maîtres des peuples, et le Seigneur règnera sur eux pour toujours. Dans le silence, le cœur à cœur (JL et Osée, d’un prophète l’autre, à travers les millénaires et les civilisations), la conscience parfois nous est donnée que nous servons : à quelque chose ? non, fondamentalement, Quelqu’un. [1] Jésus à ses disciples pour nous introduire à ce bonheur paradoxal, semble dur et intimidant : sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? La réponse est sur la croix et dans d’autres passages, le Christ admirant la foi humaine et opérant la conversion du centurion : vraiment, cet homme était le Fils de Dieu.

[1] - Sagesse II 23 à III 9 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Luc XVII 7 à 10

lundi 9 novembre 2009

sur une réflexion du journal Le Monde

c'est vous - textes du jour

Lundi 9 Novembre 2009


Prier… vous êtes le Temple de Dieu et l’Esprit de Dieu habite en vous. La dignité de l’homme tient à sa création et à la rédemption dont il est l’objet – je dois écrire (contorsions parfois à cause de notre langue, idem. pour le manque explicite du genre neutre qui nous a obligés à féminiser écrivain ou ministre…quand il est question d’une femme et depuis qu’après des millions d’années est apparue la quête de parité) dont il est le sujet. Chaque mois, ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Et quel est ce Temple, où est-il bâti ? C’est nous, répond l’Apôtre, et c’est Moi suggère Jésus, l’homme parfait : Détruisez ce Temple, et en trois jours, je le relèverai. Mortels et indestructibles, séparés de Dieu et de nos racines, pourtant emportés par le cours de notre salut, nous en avons l’intuition et le doute, que nous soyons « croyants » ou distraits. Le Temple, dont il parlait, c’était son corps. Pas une religion ni un enseignement pour les ectoplasmes, la chair, le sang, l’eau. [1]

[1] - Ezéchiel XLVII 1 à 12 ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens III 9 à 17 passim ; psaume XLVI ; évangile selon saint Jean II 13 à 22

dimanche 8 novembre 2009

sur son indigence - textes du jour

Dimanche 8 Novembre 2009



La télévision, mardi soir, la France de Mitterrand et la réunion des deux Républiques allemandes, puis des mises bout à bout d’archives et d’entretiens pour la mémoire de Lévi-Srauss et hier soir, film de reconstitution de la liaison du président Félix Faure avec les recoupements nouveaux que la publication des carnets de ce dernier produit avec l’ « affaire Dreyfus » et le « scandale de Panama ». C’est suivi d’une longue lecture illustrée d’images et de témoignages sur la relation séduction-pouvoir – documents sur une cinquantaine d’années du mariage de Rainier III au dernier en date de l’actuel président de la République française, avec des excursi vers Marilyn Monroe et Jackie Kennedy. Bien sûr, j’y vois l’ambivalence de l’outil, une fois accepté chez soi, et sans préjudice de la chronophagie : vivre ce que vivent d’autres téléspectateurs en même temps que soi en termes d’information, mais aussi, ensemble et chacun, le risque de réduction de nos champs d’observation et de réflexion. Depuis mes vingt-cinq ans, j’ai toujours regardé « l’étrange lucarne » plume en main ou écritoire ouvert, en sorte qu’à la manière dont aussi je lis (quel que soit le texte), je dialogue et pars vers une aventure, celle de l’approfondissement ou de la digression. Mais l’ensemble donne à penser au très sérieux de la vie au moment où elle est vêcue et à la superficialité de tout témoignage rétrospectif s’il n’y a plus l’enjeu de la vie, cela pour le mur de Berlin. Comment une vie intellectuelle peut trouver son fondement et son matériau à partir desquels tout sera bâti par analogie ou par instrumentation de soi selon l’inspiration produite par le matériau (Lévi-Strauss ne se savait pas d’identité, mais se ressentait comme un lieu traversé : sans doute par son travail, sa construction mentale) ? Comment dans l’étude des multiples cas de relation séduction-pouvoir, on va du particulier au système et retour, comment la dialectique produite est davantage celle du dominant et de l’emprisonné que de l’amour mutuel, contrainte égale pour le geôlier, l’amuseur public et pour le peuple ou les papillons qui distraient également le prince et le parterre ?

Je suis frappé que la parabole ne soit pas prise pour notre relation à Dieu. Pris par la politique et la politique permettant plus facilement l’amour – guillemets – et ce que nous prenons trop souvent pour sa rétribution ou son accessoire : le plaisir multi-forme, nous ne réalisons pas que la séduction divine fait-provoque une vie entière, celle des saints, mais la nôtre très probablement aussi, sans que nous sachions le déchiffrer. Nous ne réalisons pas la sympathie de Dieu pour sa créature que nous sommes et pour l’entier de sa création (ce qui justifie et fonde toute écologie et toute solidarité). Ces spectacles me disent notre responsabilité de vivre, de faire dans notre vie l’événement et la décision, et me font distinguer la relation aimante en spirituel de la relation mutuellement prédatrice et de dépendance entre l’exercice du pouvoir et ceux que ce pouvoir, plus encore que les personnes qui l’exercent, attirent. Eve encore plus qu’Adam. Et ce fut cette ligne droite que nous cherchons, agnostiques fondamentaux, en courant à l’arbre de la connaissance puis à celui de la vie, nous servir nous-mêmes, en fait accéder au pouvoir, sans même vivre ce que les paraboles de l’histoire « people » ou politique recèlent : une certaine admiration pour l’autre, qui possédant ou convoité, a quelque temps la supériorité et à un moment différent le rôle de la demande. Dieu dissout ces rapports de force et bien entendu apporte à notre mouvement puis à nos aboutissements une pérennité et une totalité dont seul l’amour conjugal donne le pressentiment. L’enfant est appelé à l’amour conjugal et, après le Christ enseignant, Paul, l’apôtre, a le génie de nous faire voir et vivre l’imbrication et le nœud ensemble de l’amour sponsal et de l’amour filial-parental. Trop aguicheuses et voyeuses, les paraboles d’hier ne pouvaient évidemment aller au plus vrai qui est le difficile. Difficile à énoncer et ne se vit qu’en le recevant.

Jésus est entré dans nos dialectiques et nos expériences, quand il caricature la hiérarchie de son temps, ne s’en prenant jamais à l’occupant romain, mais constamment, obsessivement à ceux qui détiennent le pouvoir du rite et la place sociale. Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement ; ils seront d’autant plus sévèrement condamnés. Hors de ces hiérarchies, de ces modes et donc du système illustré hier soir à tant de degrés, celui de la flagornerie, Jésus – avec une tranquillité et une acuité de regard qui bouleversent – commente cet instant et son personnage, héroïque et simple. Une pauvre veuve s’avança et déposa deux piécettes… Le Christ lui a-t-il adressé la parole ou la femme avait-elle par sa vie entière résumée en ce moment et en ce geste, déjà reçu la plénitude des promesses divines ? Il la montre en exemple : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. Le seul témoignage juste hier soir, parce qu’il était un commentaire, fut celui de François Léotard, marqué par son frère Philippe, aimé et en somme envié pour sa vie intime et une échelle de valeurs que le brillant instigateur de « la bande à Léo. » et des quadras en blouson de cuir qui allèrent un temps avec, a su rejoindre de son vivant en démissionnant de toutes apparences. Seul des cmmentateurs, des témoins ou des « héros » évoqués, il était libre, surtout vis-à-vis de son passé, qui n’avait été – consciemment – qu’un passage. Comportement immédiat qui est acte de foi autant que considération du possible : la veuve de Sarepta, les dernières cartouches dirait-on, les meubles que Palissy met au feu, mais une technique de l’émail fut découverte et jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. Comment Dieu nous répond-il ainsi ? Le déiste, le Juif, le musulman répondent – me semble-t-il – par la gratuité, la toute-puissance et la nature-même du Très-Haut, la bonté et la miséricorde-même. Aller à Dieu ainsi est suprême, direct, fort, quoique ce soit aussi une école d’abandon d’autant plus impressionnante que c’est la foi pure, plus transperçante que l’espérance qui ne s’en mêle guère. Pour les plus faibles – je ne fais pas ici une pétition de vérité – le christianisme apporte une décisive facilité : à la création de l’homme à l’image de Dieu, répondent l’incarnation de Dieu, sa chair humaine, son enfantement, sa mort et son envelissement, les mots humains recueillis par les apôtres, les colères et les lassitudes, les dialogues, les miracles simples. En fait, la rédemption en acte : il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Car la dialectique de toute vie humaine ne met pas en question nos capacités natives ou personnelles, elle nous montre combien – ce qui peut s’appeler le péché, et qui est bien notre nature déchue – nous sommes limités et empêchés. Le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent. Le mystère se rétrécit mais la gerbe est encore plus serrée, car Jésus s’évertue pendant trois ans et depuis, par les siècles de l’Eglise, et les tâtons de l’Esprit en tous, à nous enseigner une vérité et le comportement humain qui en découle : notre liberté, alors que tout dépendra de Lui, de sa mort, de sa résuurection et de sa parousie. De la distraction d’hier à l’Introit de ce petit matin. [1]


[1] - 1er Rois XVII 10 à 16 ; psaume CXVI ; lettre aux Hébreux IX 24 à 28 ; évangile selon saint Matthier XII 38 à 44

samedi 7 novembre 2009

une petite affaire - textes du jour

Samedi 7 Novembre 2009


Prier… les premiers temps, des libérations politiques et temporelles, l’attente des contemporains juifs du Christ, les premiers chrétiens : la mort et le retour du Christ avant leur propre mort, le XVIème siècle et avant comme après lui : le scandale des mœurs et de la vie pratiques de l’Eglise, de ses hiérarchies, réaction et « émancipation » des fidèeles, le XVIIème siècle et le jansénisme : fais-je partie du petit reste, des élus ? le XIXème et les trois quarts du XXème siècle : la bonne conscience des possédants, qui en sus se mêlent de faire la leçon de charité et de dévotion à ceux qu’ils dominent, la fin du XXème et notre époque : le dialogue entre religions avec la conscience commune que le matérialisme (et ses épigones l’économisme et les cynismes ayant investi politique et démocratie à leur ôter toute sincérité et toute prise) fait courir l’humanité à sa perte spirituelle et la met en grand danger physique… l’humanité et ses chemins, mes difficultés quotidiens à être fécond, les structures simples d’attention à notre fille que nous cherchons et trouvons en couple, et l’histoire universelle au bonheur de vivre une existence humaine tellement finie et limitée et pourtant porte de tout, Genèse ! Nos textes, le Christ prennent résolument parti et le secret semble de d’abord rompre : Dieu connaît vos cœurs, car ce qui est prestigieux chez les hommes est une chose abominable aux yeux de Dieu. [1] Suite de l’intendant indélicat mais astucieux, choix entre les divers maîtres (de vie), raisonnements simples : si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? Observations d’actualité car les grandes œuvres caritatives fondées par des gens de foi mais habiles : l’Abbé Pierre ou Mère Teresa, les grands fondateurs d’ordre religieux naguère, ont un rapport avec l’argent et une pérennité que n’ont plus les grandes constructions financières (on ne dit plus industrielles, puisque tout dépend du financement, au lieu qu’autrefois c’était l’industrie qui générait de la finance). Les premiers, seuls fondateurs, usent de l’argent, les seconds, les maîtres de notre époque jusqu’à l’émeute généralisée et irrépressible, sont dévorés par l’argent et comme tout les véhicule en modèle de réussite, nous dévorent ou nous accablent de ce que nous croyons notre échec, puisqu’au bas de l’échelle sociale et de ses vénérations, puisqu’angoissés dès le 5 (ou le 7) du mois. Ce qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance dans une grande. Jésus, d’ascendance sans doute prestigieuse, mais il n’était pas le seul à descendre de David (par un père adoptif, mais qui aurait su et pu en faire la remarque : la paternité de Joseph et la lignée de David ne sont jamais mises en doute dans les récits rapportés par les évangélistes), en revanche d’extraction sociale fort modeste et laborieuse, a une connaissance sociologique de son temps et de son pays remarquable, de même qu’il a une psychologie exceptionnelle, car il accouche de leur vérité et de leur problématique d’un regard, au plus d’une phrase, pas toujours interrogative. S’il laisse libre, il est cependant impératif. La proposition divine – si j’entre en moi-même – est toujours claire, nous l’obscurcissons parce que nous avons toujours l’écran de nos projets personnels et d’une idée de Dieu très approximative, sinon fausse. Seule connaissance que nous avons – par force – celle de la vie humaine, de la vie (pas toujours respectée) et de notre misère totale, constante, pénible. Dieu nous en tire à domicile : voilà, le mystère qui est maintenant révélé ; il était resté dans le silence depuis toujours, mais aujourd’hui il est manifesté. Paul conclut sa lettre aux Romains par un memento des vivants, ses compagnons, ses bienfaiteurs, ses sauveurs, ses correspondants. Son aisance – trait de caractère et de sa prédication – à aller du plus affectif, du plus amical et personnel, du plus situé au plus universel, cosmogonique et cosmologique autant selon des perspectives et des synthèses qui lui sont propres et nous ont fondés, que selon l’Ecriture qu’il possède par sa formation hébraïque auprès du meilleur maître de son temps. D’âge en âge, on vantera tes œuvres, on proclamera tes exploits. Je redirai le récit de tes merveilles, ton éclat, ta gloire et ta splendeur. Ces textes dont seul le psalmiste nous remet en position de prier, émancipé et nu de toutes circonstances et de nos tracas, sont difficiles mais vrais : nos amitiés, nos contraintes, l’habileté qui est notre devoir, la distance tranquille et sereine qui est notre salut mais que je ne trouve qu’en Dieu, mon sauveur.

[1] - Paul aux Romains XVI 3 à 22 passim ; psaume CXLV ; évangile selon saint Luc XVI 9 à 15