dimanche 31 janvier 2010

peut-être - textes du jour

Lundi 1er Février 2010
Prier… [1] un fou ou un « possédé » mais qui vient à Jésus, les entrainements du peuple d’un chef à un autre. Nos instabilités d’âme. L’itinéraire si romanesque, complexe du roi David, chef de bande, prophète, artiste, l’ancêtre du Christ a tous les dons, commet tous les péchés et il lui arrive absolument tout. Jésus a de l’atavisme… en regard, le psalmiste – nous, si possible – est tranquille parce qu’il est confiant : et moi, je me couche et je dors, je m’éveille, le Seigneur est mon soutien. Tandis que David est maudit par un partisan de Saül, son prédécesseur détrôné, donc en connaissance apparente de cause, Jésus est apostrophé, lui aussi, parce qui en sait beaucoup sur lui : Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu très-haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me fais pas souffrir. Conception singulière du mal ; sa subordination à Dieu, son anthropomorphisme, sa vulnérabilité – il y a là de quoi réféfléchir sous le simple angle de la psychiâtrie. Qu’est-ce que le mal ? en lui-même, et non dans ses effets ou sa contagion ? Réponse pour commencer : il a besoin d’un support. En l’occurrence, s’il quitte le forcené, il lui faut les porcs. Nous sommes beaucoup… le troupeau se précipita dans la mer : il y avait environ deux mille porcs, et ils s’étouffaient dans la mer. Caractéristique du mal, s’incarnant ou habitant le vivant, le pénétrant, il détruit le vivant. Le mal est la pente vers la mort. Le péché originel, a pour effet décisif de séparer de Dieu et donc d’introduire la mort dans ce qui naturellement est voué à l’éternité, c’est-à-dire à la participation paisible à la divinité du Créateur lui-même. Voici que l’inverse se produit dans l’évangile, effet de la disparition du mal… le souhait ardent de rester avec Dieu : comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Quant aux habitants des environs, ils sont moins gênés, à l’épreuve, par ce forcené que par un désastre économique, la perte du troupeau. Dans les calculs de l’homme en société, le matériel d’abord, le salut d’une âme, une vie humaine ensuite ou pas du tout… le forcené, cet homme s’en alla et il se mit à proclamer tout ce que Jésus avait fait pour lui et tout le monde était dans l’admiration. repenti, le pécheur a pleine conscience de son aventure spirituelle et physique, de même que David sait qui il est : Laissez-le maudire, si le Seigneur le lui a ordonné. Peut-être que le Seigneur considèrera ma misère et me rendra le bonheur au lieu de sa malédiction d’aujourd’hui. L’espérance n’a qu’un mot, celui du premier pas : peut-être.

[1] - 2ème Samuel XV 13 à 30 & XVI 5 à 13 passim ; psaume III ; évangile selon saint Marc V 1 à 20

l'Eglise chrétienne du futur ?

ils ne pourront rien contre toi - textes du jour

Dimanche 31 Janvier 2010

Prier… le grésil sur nos prés, des traces sanglantes au ciel, du silence sauf quand l’ont rompu nos chiens jaillissant pour courir vers quelque animal à peine moins domestique qui a dû traverser pas loin leur domaine, mais des courriels, des téléphones disant que le monde, la société, les couples, nous tous, moi, les miens ne tournent pas rond, que nous tolérons l’intolérable, le laid, l’injuste. Deux correspondants, téléphone ou courriel, pathétiques sans pathos, vrai de la vérité simple que leur regard me transmet à voir et comprendre. Un siècle qui contrairement à beaucoup des précédents, ne commence pas par une révolte générale mais par des abcès de fixation qui distraient, qui font l’alibi des soi-disant dirigeants… l’absence de repères et la transformation de toute échéance et de toute interrogation, de tout malheur en spectacle, le suivant chassant le précédent en une sinistre chronologie. Le cri du malheur, incessant, ne fait pas vacarme car il manque une autorité morale immense, universelle et car l’indivualisme a été instillé de force et de partout, selon de multiples aspects en sorte que la solidarité et la communication n’existent plus… je ne peux que penser au Christ regardant la foule et en ayant pitié, du moins allait-elle à lui et à la montagne. La liturgie chrétienne du jour, qu’apporte-t-elle à un tel monde, aux angoisses qui m’arrive et aux miennes ? [1] La réponse n’est pas, aujourd’hui, directe. L’Ecriture n’est pas un objet de hasard, de cartomancie, un instrument de consolation et de complaisance. Le Christ, à la synagogue de son pays, n’affronte que l’incroyance et le refus d’un accueil de sa véritable identité : n’est-ce pas là le fils de Joseph ? refus du Messie, du Sauveur d’accomplir quelque signe ou miracle que ce soit, souveraineté pourtant, lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. Commentaire de Paul, de l’Apôtre des païens, des Gentils : l’amour ne passera pas, les prophéties disparaîtront, le don des langues cessera, la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra. Tout ce qui arc-boute nos refus et fait notre malheur, notre rigidité. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. Chanté en grec, l’hymne à la charité b(son interprétation dans le film Bleu). J’aurai beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toiute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagne, s’il me manque la charit, je suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque la charité, cela ne me sert à rien… Discussion sur la traduction charité/amour, comme sur eros et agapè. Significativement, ce pape décrié et qu’on ferait passer assez vite pour la réplique de prédécesseurs encore plus caricaturés (et à tort) Pie IX et Pie XII, s’est attaqué à de grands déblais : élucider ces notions et ces concepts, et à remettre en honneur des outils, les pères et docteurs de l’Eglise, nos éclaireurs des siècles d’avant nous. Qui et quoi éclairerons-nous tels que nous sommes et tels que notre génération produit de pensée et d’écrit ? Mais les définitions se donnent à regarder simplement le Christ : l’amour dans toutes ses acceptions est là, y compris sans doute l’eros quand il est vêcu comme la résonnance que l’autre nous donne et qu’il nous appelle à lui donner, suprême charité que de faire chanter l’autre, de faire chanter le monde. L’image de l’éternité, ces chants et ces foules nous paraissent aussi idiotes que les représentations si concrètes auxquelles nous assimilons l’Islam et la lettre de certains versets du Coran pour le paradis en forme de félicités et de plaisirs bien précis, le sens de l’espérance est difficile à dire mais il se vit, sinon nous ne vivrions plus que fous ou suicidaires (il est vrai que beaucoup de nous en sont là, qu’ils sachent ou puissent le crier, ou que toute capacité leur ait été précisément ôtée). Pour beaucoup, je fus comme un prodige, tu as été mon secours et ma force. Je n’avais que ta louange à la bouche, tout le jour, ta splendeur. L’envoyé que les Nazaréens refusent, et c’est pourtant comme Nazaréen que le Christ sera identifié sur sa croix. L’envoi de Jérémie en mission : lève-toi, tu proninceras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon, c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Dieu et les choses en mains, les choses prises par Dieu selon notre âme, dans notre prière. Un monde qui souffre tant, ceux qui appellent ainsi – communion inaudible mais transmissible, téléphone aussi et couriel –prient vraiment. J’ai à les suivre.

[1] - Jérémie I 4 à 19 ; psaume LXXI ;1ère lettre de Paul aux Corinthiens XII 31 à XIII 13 ; évangile selon saint Luc IV 21 à 30

samedi 30 janvier 2010

lecture du Coran - sourate 88 . L'engloutissante



soir du samedi 30 Janvier 2010

Prise pour son titre sans doute différemment rendu par les traducteurs, et par l’acception que lui donne – en l’occurrence – le mien (Chouraqui) :

Sourate 88 – L’engloutissante

qui semble – pour une perspective que l’Islam partage très explicitement avec les chrétiens : la résurrection – en présenter une signification assez différente. La résurrection est plutôt un abandon ultime de l’homme à Dieu, plutôt qu’une sorte de triomphe sur une nature qui a failli et qui est restaurée. Elle est notre vulnérabilité, notre exposition au jugement, ce Jour-là, visages humiliés… ce Jour-là, visages ravis… 2 & 8. est-ce une description du paradis ? je ne le crois pas, c’est un lieu et un temps d’attente : dans un jardin sublime, ils n’entendront rien de futile, et là aussi se trouvent une source jaillissante, de hautes alcôves, des calices offerts, des coussins alignés, des tapis étalés 10 à 15 . Comme la description et les interdits de la beauté d’une femme ont pu être lus comme un carcan à lui imposer, la description d’un « salon » comme au pays maure il est fréquent, imposerait la disposition des lieux de repos au pays des chameaux : ne les contemplent-ils pas 17 et comment sont-ils créés ?. Je crois qu’il y a une autre leçon. D’abord un certain manichéisme, mais surtout une exhortation au Prophète, à toute personne se souciant d’une mission qu’il n’aurait pas, et qui le ferait se substituer à Dieu : tu n’es pas préposé contre eux, tu es un mémorisateur 22 & 21 en sorte que l’essentiel d’un prosélytisme est seulement de témoigner, d’annoncer Dieu. A lui seul appartiennent destins et jugement. Vers nous, leur retour se fera 25. Le texte lapidaire présente la réalité, ce qu’il advient aux croyants plus que le sort des infidèles, et une approximation de Dieu par sa création : l’auteur, cher aux philosophes du XVIIIème siècle européen, de tout ce qui nous dépasse, mais le Coran donne la mesure, elle est celle des chameaux : Ne contemplent-ils pas les camélidés ? Comment sont-ils créés ? Et le ciel ? Comment est-il élevé ? Et les montagnes ? Comment sont-elles hissées ? Et la terre ? Comment est-elle laminée ? 17 à 20. Titrée par la résurrection, cette sourate est paradoxale, elle est ou inachevée ou l’introduction à quelque chose qui devrait êre évident et qui ne l’est pas. Chameaux, ciel, montagne, terre sont si concrets. Les lieux de délice aussi. Le châtiment de ceux qui, visages humiliés, préoccupés, harrassés, rôtis au feu ardent, abreuvés à la source boueuse, n’auront pour nourriture que des baies qui n’engraissent pas et ne calment même pas la faim 2 à 7, l’ensemble sévère et contrasté semble l’état définitif, tous comptes rendus.

Mon traducteur la dit souvent proclamée à la prière du vendredi.

ils l'emmenèrent, comme il était - textes du jour

Prier… [1] Le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive ». » Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus dans la barque, comme il était ; et d’autres barques le suivaient. Survient une violente tempête. Le christianisme n’est pas une religion, une révélation, une philosophie, le plaidoyer pour une idée de Dieu – idéa Deus, Deus est (Descartes) – ou une conception du monde (avec celles de Bouddha et de Socrate). Il est l’attachement au Christ, l’attraction du Christ, ce personnage venu dans notre histoire à une date précise et qui a fait et dit précisément. L’écoûter, le prier sans doute, mais le contempler d’abord et enfin, en recevoir l’envie sans cesse plus grande et déterminante, le suivre tout simplement pour ne pas le perdre de vue. Le Christ, Dieu fait homme, mais au-delà de toute récitation ou certitude dogmatiqus, Lui, tout simplement, aussi nu que sur la croix, Lui qu’on peut emmener au Golgotha ou dans la barque, qui se laisse faire et prendre, calmement. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Tout l’épisode se fait dans une ambiance de fatigue tout humaine, le prédicateur harrassé, la voix peut-être enrouée, les disciples qui rament et n’en peuvent plus, qui sont dans le concret de la catastrophe qui menace après une journée à écouter ce qui, si souvent, les dépasse puisqu’il faut que Jésus les prenne à part et leur explique… les choses se font aussi à l’inititive du Christ, il a donné le signal du départ, et l’orientation. Réveillé, il interpella le vent avec vivacité et dit à la mer : » Silence, tais-toi ». Le vent tomba et il se fit un grand calme. Pour Jésus, ce n’est qu’une parabole de plus et des moindres. Pour les disciples, la perplexité augmente encore : Qui est-il donc,pour que même le vent et la mer lui obéissent ? Pour nous, pour moi, en ce petit matin où avec tous ceux de cet évangile et tous ceux qui prient à travers le monde, en cette sorte de connaissance de cause qu’est la foi (reçue), la question ne se pose pas ou plus exactement elle se pose d’une autre manière : nous regardons Qui nous savons, mais nous ne finirons jamais ici-bas de vraiment Le voir tel qu’Il est, nous appelle, nous parle, prend soin de nous et attend que nous nous changions, nous consacrions, et – chemin spirituel faisant, chemin tout court (vers Lui) faisant – nous changions ce monde qui y est prêt et qui n’attend que cela. Maître, nous sommes perdus et cela ne ne te fait rien ? David comprend enfin que toute sa vie et d’abord l’assassinat couvrant l’adultère, est une parabole. Cet homme, c’est toi ! Et dramatiquement, le Seigneur frappa l’enfant (un innocent de plus qui va périr… selon la faute humaine) que la femme d’Ourias avait donné à David et il tomba gravement malade. David implora Dieu pour l’enfant : il jeûna strictement, s’enferma chez lui, et il passa la nuit couché sur le sol. Deux quotidiens : La Croix et Ouest France viennent de rapporter que Jean Paul II étant pape couchait (fréquemment ?) à même le carrelage de sa chambre. Le monde, nos péchés, nos affections valent que nous implorions…

[1] - 2ème Samuel XII 1 à 17 ; psaume LI ; évangile selon saint Marc IV 35 à 41

vendredi 29 janvier 2010

lecture du Coran - sourate 78 - L'inspiration

après-midi du jeudi 28 Janvier 2010

Tranquillement à la suite de la précédente, mais attiré aussitôt par son souffle littéraire analogue à celui de la LXXVII. Lecture en la fête du grand théologien chrétien, Thomas d’Aquin au XIIIème siècle après Jésus-Christ. La révolution qu’apporte ce « docteur de l’Eglise » par sa méthode et son esprit, est fondée sur sa connaissance d’Aristode. Son grand prédécesseur au IVème siècle – saint Augustin – était de formation intellectuelle platonicienne. Averroès – rayonnant en médecine et en philophie à Cordoue, au XIIème – apporte à l’Occident chrétien Aristote : on l’y avait perdu. Thomas, célèbre autant pour sa curiosité intellectuelle que pour sa nature contemplative, doit donc beaucoup aux Arabes. Resterait à regarder – ce qui n’est pas actuellement mon objet, mais pourra être ma curiosité surtout si mes amis en Islam l’aiguisent – la relation d’Averroès aussi bien avec l’enseignement du prophète qu’avec l’Eglise de Rome où il est, dans un premier temps, apprécié avec reconnaissance, puis dans un second, condamné comme s’il en était le moins du monde un des adeptes…

Une piste commune par construction – face à l’agnosticisme ou/et au désespoir – a-t-elle explorée ensemble : juifs, chrétiens, musulmans (je prends ici l’ordre chronologique des fondations et révélations). Tout simplement déduire la philosophie des trois théologies. Si celles-ci diffèrent en des points majeurs, concernant essentiellement la personne-même de Dieu et sa manifestation aux hommes, en revanche elles produisent la même morale, si l’on regarde sans a priori culturel superficiel, et surtout elles montrent l’homme dans la même situation fondamentale face à la vie, à la naissance, à la mort et à la résurrection. Pour l’Islam (tel que je lis jusqu’à présent le Coran), la résurrection est un fait – fondant d’ailleurs le jugement, les punitions et les récompenses – tandis que pour le chrétien, elle est une promesse, plus fondée sur le précédent du Christ que sur la parole divine. Cette philosophie commune « contournerait » les différends théologiques entre les monothéismes révélés et présenterait à l’homme, en unisson, sa destinée, son salut, sa mission, ses chances et ses responsabilités. Ce serait une lumière pour notre temps, et les « religions » d’Extrême-Orient y reconnaîtraient certainement des éléments de dialogue et de convergence avec nous tous, nous trois, musulman, chrétien, juif.

Sourate 78 – L’inspiration

Construction et type d’apostrophe divines, analogues à la sourate Les envoyées. Dieu se pose, devant l’homme, en créateur, un créateur concret, attentionné dont l’œuvre est pour l’homme :
Ne mettons-nous pas la terre pour tapis,
et les montagnes pour piquets ?
Nous vous créons par couples,
nous vous donnons le sommeil pour repos,
nous vous donnons la nuit pour vêtement,
nous vous donnons le jour pour vivre.
6 à 11
une création dont l’ensemble n’est évoqué qu’ensuite, en grandiose décor :
Nous avons construit, au-dessus de vous, sept firmaments,
nous y avons mis un flambeau de splendeur,
y faisant descendre une eau abondante, des nuages,
pour faire pousser graines, plantes
et jardins luxuriants.
12 à 16

C’est pour répondre à l’homme, et plus particulièrement à celui qui le renie ou refuse de croire, rien que par son doute. Sur quoi s’interrogent-ils ? 1 D’une manière que n’eût pas récusée Paul de Tarse, la discussion porte sur la résurrection : débat contemporain du Christ et que ne tranchaient pas tous les livres de l’Ancien Testament, le psalmiste a comme argument devant Dieu, son Sauveur, qu’on ne saurait le prier ni le contempler dans la tombe. Sadducéens et pharisiens s’écharpaient à ce sujet, au point d’oublier leur alliance contre Paul. Aujourd’hui, le désespoir fondant l’agnosticisme, est bien le refus de croire à ce Relèvement, à l’Inspiration, à la Résurrection.

Récompenses aux fidèles, c’est-à-dire aux croyants : les prendre au concret ou au spirituel (le Cantique des cantiques n’est pas chiche d’évocations érotiques) est indifférent. Le sens de la prophétie est une satifaction totale de la personne humaine : Les frémissants goûtent le triomphe, vergers et vines, seins fermes des compagnes, coupes débordantes 31 à 35, saintes bacchanales, noces.

Aux renégâts et oublieux, le supplice : la géhenne sera aux aguets… un seul ébouillantement, une fétidité en récompense adéquate 30 & 40 . 21 mais l’essentiel porte sur ce qu’ils deviennent dans le moment du jugement, c’est-à-dire de la résurrection. Les voici, ils étaient à ne pas s’attendre à rendre des comptes, ils niaient nos signes en menteurs… Ils ne peuvent interpeller le Maître des ciels, de la terre et ce qui est entre les deux… Ils diront : « Ah, que ne suis-je poussière ?! » 27, 37 & 40. Ils regretteront résurrection et vie éternelle, tous repères perdus : Ouvert, le ciel, en ses portes, les montagnes en marche deviendront un mirage 19.20. Ah ! bientôt, ils sauront 4.5.

un homme - textes du jour

Vendredi 29 Janvier 2010



L’adultère de David, le vol pur et simple, charme romanesque du récit [1]. A la fin d‘un après-midi, après avoir pris son repos, il se promenait sur la terrasse du palais, il aperçut une femme en train de se baigner. Cette femme était très belle. David fit demander qui elle était, et on lui répondit : « C’est Bethsabée, fille d’Eliam, la femme d’Ourias le Hittite ». Alors David l’envoya chercher. Elle vint chez lui et il dormit avec elle. La femme conçut, et elle fit savoir à David : « Je suis enceinte ». Or, on est en temps de guerre, David était resté à Jérusalem. La suite du récit est un suspense, toutes les ruses et manigances du roi pour faire endosser l’enfant à Ourias échouent, il fait alors tuer au front celui qui n’est même pas son rival, même pas son gêneur, mais simplement le mari l’empêchant de vivre avec celle dont il s’est épris. Le grand David, le fondateur, le psalmiste est un assassin et pour la raison la plus basse, d’abord la peur d’être découvert, puis le simplisme et la panique de tout criminel sans solution alternative. L’histoire a-t-elle donné lieu à film, romans, etc… je ne sais, cela en vaut la peine, mais la leçon spirituelle est évidente, tout le monde pèche, convoite, s’approprie, et le péché, l’égoïsme sont d’autant plus grands que la sainteté et le plan de Dieu sur quelqu’un sont manifestes (le reniement de Pierre…). Paraboles de la semence, de ce qui croît sans proportion avec ce qui est au départ. Dont la première est l’enseignement aux disciples, gens fort quelconques, comme avaient été Saül et David à l’origine de leur grande aventure. Ce matin, simplement, n’être que terre, graine, semence. Les contemplations depuis la terrasse d’une nudité enviable, les regards et les visages dans les réunions mondaines ou autres, les rencontres qui déclenchent la décision de conquête et la dépendance vis-à-vis de l’autre, et plus encore vis-à-vis de soi, j’ai connu et n’y tomberai sans doute plus, mais le vertige devant l’échec, devant la vieillesse, devant la dureté et le cynisme de l’époque et de la socété contemporaines me guettent et me happent. Vis-à-vis de Dieu, c’est le même péché, celui de regarder ailleurs que ver Lui. La même mort spirituelle, le même désastre de vie et d’âme. Alors que comme David, d’âme, je suis comblé et veillé humainement et spirituellement. Mais les textes apportent davantage. Dans l’aventure criminelle, la victime est un étranger, le généralissime de David qui, au contraire de sa propre jeunesse, n’est plus à la tête de ses troupes. Et c’est une personnalité attachante, maîtresse d’elle-même, il n’ira pas cuver dans le lit conjugal le vin qu’on lui a fait boire de force, il a une éthique alors même qu’il n’est pas coreligionnaire du fondateur de la généalogie du Christ, et c’est ce dernier qui manque. Quant aux paraboles du Royaume des cieux, elles suggèrent aussi de regarder leur début, le semeur, un homme qui jette le grain dans son champ. Anonyme, banal, de métier, avec sa propriété, son champ. Ce n’est pas le souverain d’une autre parabole, celle des divers accueils et terrains pour la semence, souverain qu’est le Christ, Dieu fait homme appelant tous les hommes. C’est un agent de la vie et du destin, la semence germe et grandit, il ne sait comment. Cet homme respire la tranquillité, il est au-delà de toute confiance ou de toute anxiété, il est dans l’ordre naturel. David au contraire transgressant cet ordre, va de désordre en désordre. Son angoisse et sa détresse ne seront dites qu’à la mort de l’enfant. Il n’est ici que l’usurpateur de Dieu, il prétend maîtriser les événements, en être leur agent. Il n’en est que coupable. Le néant et la moisson. – Il y a enfin une question d’époque, l’histoire d’Ourias assassiné parce que sa femme est belle, que le roi la convoite a lieu au retour du printemps, à l’époque où les rois reprennent la guerre et celle du semeur a pour conclusion le temps de la moisson. Epoques de la vie, saisons qui nous sont données, étapes de nos chemins et travaux. Le regard du printemps, commencement ou feu destructeur, captatif. Temps de la moisson, harrassant, torride ou lumineux du succès.


[1] - 2ème Samuel XI 1 à 17 ; psaume LI ; évangile selon saint Marc IV 26 à 34

jeudi 28 janvier 2010

vous aurez encore plus - textes du jour

Jeudi 28 Janvier 2010



Regardé Marguerite, elle dort en confiance mais je ne peux m’empêcher d’appréhender pour elle la réalité, notre vie matérielle est si précaire. Elle a su, pu ou voulu dire à sa mère – Edith me l’a répété, il y a quelques jours –nous sommes pauvres, nous n’avons pas d’argent. Que sera sa vie ? souffrance ? et échecs ? pourrons-nous l’aider, l’accompagner ? Vouloir des enfants. Je comprends tout à fait l’attitude de fond de ma chère femme, mettre au monde pour le malheur... Et en vouloir un second… sans doute, est-ce décisif pour notre fille, mais moi à mon âge, aurai-je la force de leur être présent suffisamment ? et assez longtemps ?

Dans ces pensées noires, m’ouvrir à Dieu pour commencer. Je suis au tout début de la vie, et à peine au seuil de la foi. Je sais qu’elle est la réalité. [1] Faites attention à ce que vous entendez. Et c’est la parole terrible qui me retient depuis des années et qui me semble le résumé non de Dieu mais de ce que l’humanlité a fait d’elle-même et de la manière, dont derrière le faux semblant des discours et de la lettre du droit applicable, fonctionne la société : celui qui a recevra encore ; mais celui qui n’a rien se fera enlevr même ce qu’il a. Sans doute le Seigneur donne le chemin de la justice, la loi de réciprocité qui devrait être huamine et dont il n’est pas sûr que ce soit celle de Dieu, car elle est bien minimale : La mesure dont vous vous servez servira aussi pour vous, et vous aurez encore plus. Ce dont se rend compte David qui se rendit en présence du Seigneur. Il dit : « Qui suis-je donc Seigneur, et qu’est-ce que ma maison, pour que tu m’aies conduit jusqu’ici ? Ce qui nous déverse dans l’une des énigmes de la politique contemporaine – le pan historique épouvantable pour ceux qui le vêcurent mais sans doute plus encore pour ceux qui le perpétrèrent, le pan contemporain avec un conflit dont les victimes ne peuvent rien à ce qui put motiver le premier… Les textes me font terminer par où je commençais en arrivant et avant que je me prosterne ma lecture finie. Daigne bénir la maison de ton serviteur, pour que’elle demeure toujours en ta présence. Car toi, Seigneur, tu as parlé, et par ta bénédiction la maison de ton serviteur sera bénie pour toujours. Car l’autre image est également vêcue, notre fille pelotonnée en dialogue sur les genoux de sa mère ou déjà prenant soin de moi et me recommandant de ne pas trop travailler, de faire le lendemain la grasse matinée. Tout à l’heure après l’avoir déposée à l’école, la messe. Souviens-toi, Seigneur, de David et de sa grande soumission quand il fit au Seigneur un serment, une promesse au Puissant de Jacob. Nos solidarités dans la chaîne de l’histoire mais aussi dans la généalogie spirituelle, et même de nous à Dieu, que Celui-ci ne soit pas plus mal logé que nous, naïveté de ce souhait auquel Yahvé répond selon son plan mais aussi en rappelant ailleurs que les sacrifices ou les habitations humaines, il n’en a aucun besoin. Immergés en humanité, en histoire, en larmes, en Dieu, en raie parfois de la lumière à travers larmes et espérance. Maintenant donc, Seigneur, la promesse que tu as faite à ton serviteur et à sa maison, maintiens-la toujours, et agis selon ta parole. Prière du ghetto de Varsovie. Ineffaçable témoignage de Jan Karski… ce matin me revient le portrait physique que cet évident aristocrate fait du chef du Bund, juif poolonais qu’il perçoit d’allure, de maintien, de race comme de la plus grande noblesse nationale et humaine, mais qui lui faisant visiter l’enfer, y entrer et ensortir, se couvre alors et revient à sa nature, la souffrance et l’abomination de ces lieux, de ces perspectives et de ce que sont devenus les gens qui y sont parqués. Et semble-t-il – alors – jamais de haine mais l’envoi en mission, allez crier au monde ce que vous avez vu. Les deux messages, l’horreur de notre époque et la Bonne Nouvelle.

Hier soir sur Arte

0 heure 45 du « matin »… + Bouleversé par le témoignage-récit-mémoire de Jan Karski. Comme ce Tchèque, parfois terrassé par l’émotion et pleurant, muet, stoppé au milieu d’une phrase (l’hymne national tchèque et le chant mortuaire juif chanté à Theresienstadt par les arrivants qui ont compris à quoi ils sont destinés dans les minutes qui viennent et cette femme qui le prie de les quitter pour pouvoir témoigner et faire savoir au dehors…), Karski, au visage d’une race impressionnante, parle avec une intensité que je n’ai jamais entendue, dit lentement des mots d’une force littéraire que seuls ont atteints le Coran, le livre de Jérémie, celui d’Isaïe aussi. Il n’est pas juif, il était courrier, il ne connaissait pas le ghetto de Varsovie, n’avait jamais entendu parler de l’entreprise d’extermination des Juifs par les Allemands de Hitler. Au cours d’une mission de liaison, il est approché par deux chefs du ghetto, l’un chef de la communauté, l’autre sioniste. Récit d’une force bouleversante de la conversation que ceux-ci ont avec lui, et plus encore de la visite du ghetto, deux visites que ses compatriotes lui demandent de faire. Il l’accomplit avec le chef du Bund. Mission, crier aux personnalités dirigeantes des Alliés que l’extermination des Juifs est sans précédent dans l’histoire, qu’elle va être totale même si Hitler perd la guerre et qu’empêcher cette extermination doit être traitée indépendamment des stratégies militaires. Déclarations officielles et surtout information du peuple allemand et si celui-ci ne fait pas pression sur ses gouvernants, des bombardements de représailles explicitement motivés. Ce n’est ni un témoignage, ni un récit, c’est une sorte d’accouchement, d’aveu haletant comme lors d’une séance – puis-je supposer – où un neuro-psychiâtre délivrerait son patient d’un fardeau insoutenable. Jan Karski s’effondre à plusieurs reprises. Et il est impossible de ne pas entrer dans son émotion : les heures brèves qu’il vit, sans paroles, dans le ghetto. La suite n’est pas dite tant elle est connue. Les Alliés n’ont rien fait, la résistance intérieure polonaise n’a pas fourni d’armes au ghetto révolté et l’armée soviétique a laissé l’armée allemande réprimer, à sa guise, la révolte du de l’ultime désespoir. Comment notre fille réagira-t-elle à la re-diffusion d’un tel film, d’un tel témoignage ? et qu’ont donc fait les Juifs sionistes de l’Etat qu’ils ont bâti ? Ce n’était plus un monde ni l’humanité que le ghetto de Varsovie.
[1] - 2ème Samuel VII 18 à 29 passim ; psaume CXXXII ; évangile selon saint Marc IV 21 à 25

mercredi 27 janvier 2010

alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? - textes du jour

Mercredi 27 Janvier 2010



Prier, le temps d’arrêt qui est réalité mouvement vers l’essentiel et rassemblement. [1] Samuel faiseur de rois, et évidente référence pour le sionisme s’il est pris au pied de la lettre, comme Josué le serait pour les exactions contemporaines en Palestine. Politiquement, ce n’est pas négligeable, mais spirituellement nous devons chercher ce que dit l’histoire qui est toujours parabole pour notre présent le plus vif et problématique, celui de notre salut, salut de notre génération, salut de la création, salut de ceux et celles que nous aimons. C’est la parabole de la prédilection, la parabole nous enseignant que nos bonnes volontés, nos pulsions, notre abandon-même à la volonté de Dieu et à sa Providence, à ce que nous croyons savoir de Lui (à tort ou à raison) sont tout à fait secondes par rapport à Lui et à ses desseins. L’origine, c’est Lui, la fin c’est Lui, le projet c’est Lui, la fécondité et la réalisation, la concétisation c’est Lui. C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau… J’ai été avec toi dans tout ce que tu as fait… A David voulant édifier le Temple et la demeure de Dieu, Yahvé fait répondre par Nathan, le prophète, non pas son propre nomadisme à l’instar d’ailleurs d’Israël jusqu’alors, mais qu’Il habite et habitera où Il veut et selon ce qu’Il veut. Enseignement aussi – qui n'est pas accessoire – du rôle de chaque génération et de toute paternité et filiation humaines dans l’édification du genre humain et l’accomplissement de la création. Ce que nous faisons en Dieu a sa stabilité et sa postérité. Parabole du semeur et des grains. Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. Référence directe à l’Ecriture : Ils pourront bien regarder de tous leurs yeux, mais ils ne verront pas ; ils pourront bien écouter de toutes leurs oreilles mais ils ne comprendront…. Vous ne saisissez pas cette parabole ? Et Jésus fait suite à l’Ecriture et à son constat pour les faire mentir, il explique lui-même. De connaissance de Dieu que par Lui, le Christ. Qu’en Lui. Intellectuellement, Jésus pose aussi la question : alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? La clé lui paraît si simple pour nous, et nous ne la prenons pas, alors que nous l’avons en mains, reçue, donnée.

[1] - 2ème Samuel VII 1 à 17 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Marc IV 1 à 20

lundi 25 janvier 2010

celui qui croira - textes du jour

Lundi 25 Janvier 2010



Prier ainsi…[1] texte étrange du Christ, les croyants ont les plus grands pouvoirs et ces pouvoirs sont autant de signes, ceux qu’énumérait – au spirituel – Isaïe pour signaler l’apparition du Messie. Pouvoirs qui ne sont pas réservés à quelques-uns, aux disciples envoyés en mission par le Christ au début de son propre ministère. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serprents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en porteront bien. En somme, ils rétabliront l’ordre naturel. Tous missionnaires, tous contagieux, efficaces. Mais dyptique que l’Islam connaît encore mieux : celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Notre « mentalité » d’aujourd’hui, à l’opposé des angoisses jansénistes perpétuées jusques tard dans notre XXème siècle, a peine à admettre ces condamnations, ces exclusions, ces irréversibilités. Sans doute, parce qu’une époque libertaire comme la nôtre, ne sait plus ce qu’est la liberté et ne la pratique pas. Les modes de gouvernement dans les démocraties sont une contrainte, d’autant plus choquante que c’est le contraire qui est revendiqué dans la parole officielle, et une épopée, un drame, des sacrifices comme ceux de la Résistance nous sont devenus si lointains qu’ils en ressortent – dans les médias – comme travestis. La liberté… Lève-toi et reçois le baptême. Le croyant-type, illustrant parfaitement et si fortement la parole du Christ ressuscité, c’est Paul. Le chemin de Damas… a priori sa liberté est nulle. Il est orienté vers la haine et le massacre, un zèle mal appliqué, il est retourné. Personnalité inchangée mais orientation toute différente : il reçoit la fécondité. Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est Juste et à entendre la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu. Cela ne s’invente pas. Une vocation – celle de Paul – sur le modèle de celle des grands prophètes et fondateurs de l’Ancien Testament. Silence de la prière quand elle reçoit tant.

[1] - Actes des Apôtres XXII 3 à 16 ; psaume CXVII ; évangile selon saint Marc XVI 15 à 18

dimanche 24 janvier 2010

dans la perplexité et dans la peine, recevoir d'un ami

Lundi 15 Mai, 11 h. 1967

Mon cher Bertrand, la paix du Christ.

Je prends la plume après ton départ, afin de te préciser ce que je t’ai mal exprimé oralement.

Les difficultés présentes proviennent d’erreurs commises de la part de Nicole comme de la tienne. Mais, pour toi, il peut être précieux de comprendre pourquoi tu as fait erreur. Il ne s’agit pas de chercher les raisons extérieures ou même intérieures immédiates : pourquoi, en fait, tu t’es trompé dans ce cas précis. Si, au contraire, la crise présente (ou peut-être déjà dénouée) pouvait te conduire à rechercher les racines en toi dont elle provient, elle contribuerait à fortifier et à approfondir votre amour.

Comme moi, je crois que tu vois trop les êtres qui t’entourent à travers toi-même. Tu es lucide sur toi-même, lucide sur les autres, mais tu as trop confiance en ta lucidité. Je l’ai ressenti pour moi ; c’est probablement plus vrai pour d’autres : tu penses trop comprendre l’attitude, la difficulté intérieure de l’autre, sa confiance, son enthousiasme ou son inquiétude. Tu ne fais pas assez attention à la toute petite part de l’autre qui t’échappe et que pourtant tu pressens. Une attitude donnée à bien des motifs : tu en comprends la complexité, mais je crois que tu n’écoutes pas assez la résonnance intérieure qu’a le motif le plus secondaire apparemment. Mais du fait même que ce motif n’est que pressenti et non entièrement compris par toi, tu dois comprendre qu’il est important : car ce qui est le plus profondément personnel, ce qui est le plus secret et le plus intime, ce qui est le moins compréhensible pour une intelligence extérieure ou même pour l’affectivité d’un autre, c’est pourtant cela qu’il faut écouter avec attention, en sortant de soi, car c’est cela qui anime en vérité et en profondeur l’autre.

Je suis très franc et pas très clair. Que ce double risque soit une preuve de mon amitié pour toi.

Devant l’autre, il ya donc une continuelle conversion à faire. Tous les deux, nous avons beaucoup trop tendance à agir avec promptitude et efficacité et même nous avons tendance à vouloir aider les autres à faire de même. Agir, il le faut évidemment mais l’action ne peut aller sans un effort incessat d’écoute, de dépouillement de soi. Accueillir, recevoir l’autre comme il est, se laisser pénétrer par lui. L’amour est un don réciproque, certes, il est peut-être lus encore un accueil réciproque. Recueillir avec le plus grand soin le plus petit pressentiment d’incompréhension, comme une invitation à accueillir ce que nous ne comprenons pas, à accueillir ce que l’autre est. C’rest difficile car ce qui ne rentre pas dans nos propres structures, nous irrite et nous sommes tentés de n’en pas tenir compte ou d’en donner une explication qui le fasse rentrer dans ce que nous ne pouvons concevoir parce que c’est cela qui lui est vraiment propre.

Cet effort d’accueil est pour moi le principal depuis deux mois, il le sera probablement pour longtemps car il concrétise à mon avis la conversion intérieure qu’il est nécessaire de faire. Cette sortie de soi indispensable pour accueillir Dieu comme pour accueillir les hommes. Je crois que cet effort t’est plus nécessaire encore qu’à moi, en cette difficile période de fiançailles, mais surtout pour ce que tu es. Tes difficultés dans les rapports avec nicole et avec les autres, viendront principalement de là. Elles ne viendront en tous cas ni du manque de cœur, ni du manque d’intelligence, ni du manque d’intuition ou de lucidité.

Voilà ce que tu m’as demandé de te mettre par écrit. Je souhaite que cela t’aide autant que m’aidera ce que tu mas dit et dont je te remercie vivement : erreur commise dans ma dernière lettre, risque d’en rester à un optimisme confiant et ssuperficiel, de ne pas comprendre et pénétrer les difficultés de l’autre avec tout ce qu’elles comportent d’incertain, penser trop vite que tout s’arrangera et bien d’autres choses dont je bénéficierai.

Je prie pour toi et Nicole tous les jours et j’ai gardé précieusement dans mon cœur tout ce que tu m’as dit : je porte avec moi tes difficultés, dans la faible mesure où je peux le faire.

Que le Seigneur vous guide tous les deux dans une compréhension mutuelle plus profonde et sereine.

Ton ami et frère dans le Christ, Michel



* * *


Vendredi 19 Mai 1967

Mon cher Bertrand, la paix du Christ.

Je viens d’ouvrir ta lettre, je partage ta peine autant que je le peux. Je te promets de prier beaucoup. La souffrance exprimée par ton mot m’a fait mal. Je ne comprends pas. Je n’ai d’ailleurs pas à chercher à comprendre mais à prier. Le sacrifice de la messe et le chapelet quotidien m’uniront particulièrement à toi. Ta peine est ma peine, je la mettrai chaque jour devant le Seigneur toute droite, toute nue.

Que le Christ, mort sur la Croix par amour pour nous t’accorde la paix, nous accorde la paix.

ton frère dans le Seigneur, Michel

PS Sois assuré de ma totale discrétion

ils pleuraient tous en entendant les paroles de la loi - textes du jour

Dimanche 24 Janvier 2010


Prier… les circonstances font parfois les « révisions » de vie ou plutôt des retours en perspective qui ne sont pas en arrière mais font voir où nous sommes arrivés, miraculeusement, compte tenu de tant de handicaps et d’impasses passées. La saisie de mon journal 1967-1971 est un exercice dont le départ a été de hasard mais qui m’absorbe complètement maintenant et que je vis comme une sorte de prière, tant d’ailleurs je l’ai écrit avec deux compagnons seulement : l’appréhension que j’avais de Dieu à mes vingt-cinq ans et le journal-même. L’un et l’autre me soutenaient et à leur manière me répondirent. Relecture et méditation selon un matériau que je n’avais jamais faites depuis… Nous avons ainsi nos « anciens testaments » qui annoncent quelque chose, notre présent, et nous poussent à un futur plus dense et plus détendu. [1] Le feu, difficile à prendre, persiste jusqu’à ce matin et frémit. En une de mes absences parisiennes avant Noël, il avait neigé ici, ma fille ma recommandé, désignant un de ses seaux sur la terrasse : ne jette pas l’eau de la neige, c’est mon dernier souvenir de la neige. Je place cela en exergue de mon journal d’il y a quarante ans (c’est Maurice Grimaud + qui m’a poussé à cette saisie et à cette tentative d’édition). Depuis, notre petite fille a été virtuose sur les pistes de Rochebrune à Megève et la neige a été surabondante, elle voudrait désormais habiter là-bas, l’associant au fait qu’il n’y a pas classe, sauf les cours de ski…Les passés, les amours, nous-mêmes si contingents et en regard, la splendeur du Christ. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. ». Et qu’avait-il donc lu, à l’invitation de tous, revenu à Nazareth où il avait grandi ? Ceci : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération. Jésus est prophète, mais prophète de Lui-même et l’Ecriture entière est son annonce. Il se l’approprie avec un naturel qui va confondre l’assistance et partagera le monde pendant son ministère public et depuis. Il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit… rencontre de son initiative, du hasard ou du dessein que sert le préposé à la présentation du livre. La proclamation de sa divinité et de l’ensemble du plan divin sont en germes dans cette conclusion du Christ, lapidaire, à la suite de sa courte lecture. – Accessoirement, la coûtume du Christ puis de Paul, n’arriver nulle part sans commencer par entrer à la synagogue du lieu, serait à cultiver. Nous venons – nous, chrétiens, et donc d’une certaine manière, nos amis musulmans aussi – nous venons du judaïsme.Peut-être une application à cette généalogie spirituelle de la comparaison par Paul des diversités dans l’Eglise à l’image du corps et de ses membres, serait-elle fructueuse. Pour soulever le monde et répondre à Dieu, les diverses religions et morales ne seraient-elles pas chacune nécessaires, et tous les chemins pourvu qu’ils soient sincères et défricheurs, du moment qu’ils nous sont nativement ou circonstanciellement donnés, n’ont-ils pas une grande valeur, ne serait-ce que pour nous-mêmes, parce qu’ils sont le nôtre. Dieu a organisé le corps de telle façon qu’on porte plus de respect à ce qui en est le plus dépourvu : il a voulu qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. … Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. La redécouverte de l’Ecriture par le peuple de retour. On demanda au scribe Esdras d’apporter le livre de la loi de Moïse… Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout… Jésus referma le livre… tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Avions-nous déjà, intuitivement, compris ? comprenons-nous ? Si j’ai une expérience de la vie, elle est bien que je ne comprends jamais assez profondément, et que si souvent je comprends de travers en assurant et en m’assurant que j’ai compris.


[1] - Néhémie VIII 1 à 10 passim ; psaume XIX ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XI 12 à 30 ; début de l’évangile selon saint Luc I 1 à 4 & IV 14 à 21

samedi 23 janvier 2010

lecture du Coran - sourate 77 . Les envoyées

matin du samedi 23 Janvier 2010
Je reprends ma lecture, que je voulais initialement quotidienne et vespérale. Je vais essayer de la maintenir quotidienne, mais peut-être le matin, à la suite de ma lecture des textes de la messe catholique. Ou selon l’inspiration. Tant je dois me consacrer à ce travail décisif et attendu par mon éditeur – mon journal assorti de ma mémoire de maintenant pour alors 1967-1971, cristallisation de presque tout dans ma vie, Dieu, l’amour, la politique selon de Gaulle, la Mauritanie selon Moktar Ould Daddah.

Cette lecture d’un mois et demi m’a déjà apporté trois choses. La totale différence de posture et de mode de pensée entre le musulman et le chrétien, puisque le livre saint de l’Islam n’est pas une biographie ou plusieurs biographies, alors que pour la Bible, c’est le genre dominant, l’identité de Dieu, son dessein s’apprennent et s’expriment par l’histoire des hommes, par des histoires d’homme. Puisqu’aussi le Prophète prêche l’inacessibilité de Dieu, même si Dieu miséricordieux a sur chacun et sur l’humanité son plan. Dieu selon la Bible est accessible au point qu’il a été, humainement, mis à mort. La puissance littéraire, le souffle du Coran, sont tels que la prière, directement par ce texte, est malaisée : je suis plutôt conduit à une contemplation sans mot ni image ni récit devant un Dieu absolu, qui est tout autant, évidemment, celui de la Bible. Prier avec mes chers amis confessant l’Islam est donc possible et je le veux, en ce sens que nous nous tournons ensemble vers l’absolu d’un Dieu attentif et compatissant, mais est difficile car la posture induite par le Coran me semble la seule adoration, à tort ou à raison, le chrétien – comme Abraham, comme les prophètes, comme Jésus – dialogue avec Dieu. Cette différence est à approfondir avec mes amis : prier en Islam, la question ne s’épuisant pas par les horaires et les rites, qui sont aussi ceux du monachisme chrétien. Enfin, le Coran apprend comment a échoué une sorte d’évangélisation primitive puisque le Prophète reprend maints épisodes de la Bible, autant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, qu’il connaît aussi certains textes dits apocryphes par l’Eglise chrétienne. Il n’a retenu – intuition propre ou Révélation – que l’absolu et la transcendance du Dieu de la Bible, et l’écrit témoigne d’une intuition ou d’une Révélation tout à fait autonomes, les emprunts ou commentaires de la Bible me semblant détachables, sinon accessoires. L’Islam ne me semble pas avoir besoin de cette généalogie à laquelle les chrétiens sont si attachés – généalogie qui fait naître leur foi du judaïsme mais les en distinguent puisque c’est une généalogie aboutit et qui introduit au mystère central du corps mystique, de l’adoption de l’humanité par Dieu. Cependant, « au bout du compte », l’Islam arrive là où est aussi le christianisme, tout en le disant très différemment et d’une manière qui peut se lire soit au concret soit au poétique : le jugement et la Géhenne, le paradis.

Je rechercherai maintenant davantage les notions et enseignements sur la miséricorde, sur le pardon.

Sourate 77 – Les envoyées

Je l’ai choisie depuis le début de ce mois, par hasard, pour son souffle littéraire jamais rencontré nulle part à ce point. Qu’enseigne-t-elle religieusement ?
Par les envoyées en rafales,
par les tourmentes déchaînées,
par les trombes qui déferlent,
par les ruptures qui déchirent,
par le jaillissement de la mémoire
- excuse ou avertissement –
voici, ce à quoi vous êtes promis
arrive.
Manière très différente des chrétiens, d’exposer le concept de destinée. La promesse n’est pas adressée à tel ou tel, représentant l’humanité et tout le vivant. Nous sommes, les hommes sont objets de la promesse, une promesse qui enveloppe, transforme, concerne – semble-t-il. La mémoire est ici entendu comme une prophétie, renforcement, bienvenu, de la définition biblique et du rôle de la mémoire dans la vie spirituelle : elle transcende le temps selon ce texte.
Quand les étoiles s’effacent,
quand le ciel se fend,
quand les montagne se pulvérisent,
quand les envoyés sont convoqués…
Annonce de quoi ? avec une datation très évangélique par les signes et non par la chronologie. Le jour de la Répartition ? J’ai déjà remarqué, celui récurrent du Relèvement – que les chrétiens diraient celui de la Résurrection (même étymologie). Il faudrait entendre ce terme-ci comme équivalent du Jugement. Répartition de fait comme c’est figuré au tympan de nos basiliques et cathédrales : anéanti les premiers ? fait suivre les derniers ? Mode coranique. Dieu parle le plus souvent au discours direct, sans indication de contexte ni même de porte-parole. Mahomet est destinataire – en notre nom à tous – de cette parole directe : Qui t’apprendra ce qu’est le Jour de la Répartition ? 14 ... En ce Jour où ils ne s’exprimeront pas, il ne leur sera pas permis de se disculper 35.36 Sans indiquer que le jugement soit contradictoire, les évangiles donnent la parole aux élus et aux pécheurs : Quand Seigneur t’avons-nous … ? quand Seigneur n’avons-nous pas … ? Le Coran ne nous met pas en situation de ce jugement, il l’annonce, ou nous en menace. Ce jugement est un attribut de Dieu : Nous voici, nous rétribuons ainsi les excellents 44 .Chemin faisant, rappel des conditions de notre naissance : n’avez-vous pas été créés d’un liquide fétide ? 20 et surtout de la toute-puissance divine, toujours exprimée de façon neuve et surprenant : ne mettons-nous pas la terre en habitacle des vivants et des morts ? Nous y mettons des massifs altiers : nous vous abreuvons d’eau douce 25.26.27. Et peut-être une chance laissée à l’homme, quand il est incrédule : Allez vers ce que vous étiez à nier… si vous avez une échappatoire, échappez-vous ! 29 & 39 La figuration de la récompense est – plus accidentelle mais aussi crûe dans la Bible : mangez desviandes grasses et savoureuses, buvez – toujours très précise et concrète, matérielle : les frémissants, parmi les ombrages et les sources, ont des fruits, ceux qu’ils désirent. Mangez et buvez à souhait pour ce que vous faisiez… Mangez et jouissez, mais peu, car, voici, vous êtes coupables ! 41.42.43 & 46 . La hantise du Prophète reste celle aussi du Seigneur : le refus de croire, quand il leur sera dit : « Prosternez-vous ! », ils ne se prosterneront pas. Pour l’Islam, l’incroyant est fondamentalement un menteur. Les envoyées le sont à ces menteurs 15 . 24 . 28 . 34 . 40 47 : Aïe ! les menteurs, de Jour-là ! La dialectique de l’espérance en islam est retournée : le chrétien espère en Dieu dont la Bible lui répète pourtant que c’est Celui-ci qui attend et espère l’homme, le musulman d’une certaine manière n’a rien à espérer mais il lui est dit que Dieu attend sa foi, veut sa foi : à quelle geste, après cela, adhéreront-ils ? 50 Ce qui incombe à l’homme dans le dessein, le projet de Dieu est finalement le même dans les deux acceptions chrétienne et musulmane : croire, la foi, à cette nuance-près – passionnante – que pour le musulman la foi est native et l’incroyance une dénégation, une infidélité, un reniement (la trahison de Pierre affirmant à trois reprises ne pas connaître son Maître), tandis que pour le chrétien, la foi est reçue, elle est une conversion, elle n’est plus originelle depuis Adam et Eve.

ton amitié - textes du jour

Samedi 23 Janvier 2010



Prier [1] Jésus entre dans une maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Cette part constante de la vie humaine du Christ, la foule, la pression : rien que pour sa naissance, Bethléem et ses ressources « hôtelières » : combles, « over-bookées ». Du monde sans doute au Temple, pour l’écoûter en dialogue avec le gratin religieux de l’époque, toute sa vie publique, et il laisse cela aux disciples, la foule de la Pentecôte. Manière de maintenir secret le mystère, l’essentiel, car les siens sont complètement à côté – les siens de sang, les siens familiers, les disciples aussi si souvent qui ne peuvent concevoir sa passion et sa mort, son échec apparent. Réflexion aisée, je le reconnais : aujourd’hui, l’Eglise, au moins dans ce que je vois et sauf les grands « shows » pour les déplacements du Pape à l’étranger, l’Eglise quotidienne n’attire pas ou plus les foules et n’est-elle pas – elle-même – comme cette famille humaine de Jésus, à se considérer des droits et une préemption naturelle sur le Christ, son message et sa façon d’être : Il a perdu la tête. Nos tâtonnements et nos impuissances pour la « nouvelle évangélisation » ne viennent-ils pas de nos a priori et de notre indocilité aux faites et surtout à une prise de parole préalable de ceux que nous voulons rencontre ? je le crois assez. L’évangélisation commence par nous-mêmes, le mystère est encore plus entier pour nous, censément les croyants. Souci du Christ et des évangélistes, le concret : il n’était même pas possible de manger, le coude à coude. La liturgie chrétienne est d’abord un repas. Et ensemble, en foule. Elle peut être également affective : l’amour fraternel mutuel de David pour Jonathan. Je pleure sur toi, mon frère Jonathan. Tu m’étais si cher : ton amitié était pour moi plus merveilleuse que l’amour d’une femme. Et me revient la mémoire de celui qui fut pour moi Jonathan. Drame, vocation, puis méandres de la vie mais son regard intact, sa fin terrestre comme un conte, le petit avion s’écrase au bas des Cévennes, venant d’un ciel pur, au premier anniversaire de l’accident ou du suicide ? une brebis met bas, l’agneau est couché exactement là où fut retrouvé l’avion. Jonathan, sur les hauteurs, fut frappé à mort ! Saül et Jonathan, bien-aimés et rayonnants ! Ni la vie ni la mort ne les ont séparés. Saül certainement attachant, les plaidoyers de Samuel suppliant Yahvé de ne pas lui retirer sa bénédiction (ni la couronne), la relation de révérence qu’eut avec lui son futur successeur, et David – type de surdoué comme l’Ancien Testament en abonde, vg. Daniel – meneur d’homme, littérateur et prophète hors de pair, sensuel et avide (la femme de son général qu’il reluque, convoite, séduit), d’une extraordinaire sincérité et d’une vulénrabilité totale : la mort de son premier fils, celui de l’adultère. David déchira ses vêtements, et tous les hommes qui étaient avec lui firent de même. Ils pleurèrent et jeûnèrent jusqu’au soir, ils se lamentèrent sur Saül et sur son fils Jonathan, parce qu’ils étaient tombés par l’épée. Entendant Jésus, le grand-prêtre se leva et déchira ses vêtements, lui aussi… mais pour la plus mauvaise cause. Non pour pleurer un saint, un être humain, mais pour sauvegarder une forme institutionnelle, une dogmatique justifiant son propre pouvoir…

[1] - 2ème Samuel I 1 à 27 passim ; psaume LXXX ; évangile selon saint Marc III 20 & 21

vendredi 22 janvier 2010

car toi, tu m'as fait du bien, et moi, je t'ai fait du mal - textes du jour

Vendredi 22 Janvier 2010



Prier… les miens, au passé, au présent, au futur, compagnonnage si divers mais qui me constitue et qui constitue Dieu dans nos vies car ces relations d’amitié, d’affinités, d’amour anticipent la pleine communion et sont la chair du Corps mystique. Nos morts, mon si noble beau-frère qui nous quitte le jour de l’anniversaire d’une autre, si chère disparue, ma belle-sœur, modèle de féminité, de beauté mais aussi d’une personnalité fermement et légitimement maintenue. Nous pouvons, quand la mort fait la synthèse de notre vie terrestre, sans rien figer et tout en laissant les frémissements du souvenir et des retours de mémoire, vraiment regarder l’autre comme un saint proche de l’être, Dieu donne ensuite la dernière touche, que nous ne savons pas, mais que nous saurons. [1] Tous disciples. Jésus gravit la montagne et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze. Les explicites, les chargés de mission, mais en fait tous puisque la mission est de rameuter, évangéliser tout le monde, l’évangélisation n’est pas une opération grandiose de conversion générale, elle est une annonce. Les incroyants, agnostiques ou les loin de tout, simplement, n’ont pas été approchés de façon adéquate, ou plus simplement nous les croyons agnostiques, incroyants ou loin de tout, alors qu’ils sont bien davantage que nous dans la main de Dieu et sensible à ses visites. L’essentiel n’a pas ses mots, mais il se vit. Même le traître fut donc appelé : mystère, car trahir en connaissance de cause. Comme pécher en connaissance de cause. ??? Dialogue entre David et Saül, dialogue de conscience qui fonde historiquement une dynastie et l’ascendance du Messie, mais qui modélise ce que devraient être des successions au pouvoir, quel qu’en soit le mode. Car c’est le rapport à l’autre qui dans une succession modèlera l’avenir d’un peuple, d’une société et les conditions concrètes du bonheur, du malheur et des multiples chemins vers Dieu. Que le Seigneur te récompense pour le bien que tu m’as fait aujourd’hui. Je sais maintenant que tu règneras certainement, et que tu auras bien en main la royauté d’Israël.

[1] - 1er Samuel XXIV 3 à 21 ; psaume LVII ; évangile selon saint Marc III 13 à 19

jeudi 21 janvier 2010

écrasé par la foule - textes du jour

Jeudi 21 Janvier 2010
Prier… deux Agnès dans ma vie, dont j’ai perdu le contact, leur fête aujourd’hui, des prénoms bien portés, déterminisme ? de ce qui est donné, plus de ce que l’on se veut pour soi-même ? [1] Il dit à ses disciples de tenir une barque à sa disposition pour qu’il ne soit pas écrasé par la foule. Paradoxes nombreux dans le concret des trois ans de ministère public du Seigneur : importance de l’eau, des barques, des métiers de la pêche, mais cela sur un fleuve et une « mer » fermée, « le » lac et pas du tout le grand large, la Méditerranée ou l’Océan – son isolement dans la prière et dans la passion, la mort, la résurrection mais la pression de la foule pour les miracles, les guérisons, la multiplication des pains et pour réclamer sa mort en croix, le tolle. Mouvements aussi bien des malheureux que des « esprits mauvais », tout le monde lui obéit à commencer par les disciples recrutés, chaque fois, d’un simple mot, d’un regard. Souveraineté humaine du Christ, qui a sa racine autant humaine que divine. La relation complexe – celle de tout delphinat, le duel Pompidou-de Gaulle – entre David et Saül. Intermédiation toute humaine et affective de Jonathan. L’histoire de Dieu se raconte en termes humains.

[1] - 1er Samuel XVII 6 à 9 & XIX 1 à 7 ; psaume LVI ; évangile selon saint Marc III 7 à 12

mercredi 20 janvier 2010

on observait pour voir si... - textes du jour

Mercredi 20 Janvier 2010


Prier… [1] Pour toi, je chanterai un chant nouveau. A chacun son abîme. Le miracle en amour, en amitié, en relation, n’est pas la rencontre, ni la constatation des affinités, il est la durée dans les épreuves, les épines, les malentendus et même les ruptures. La subsistance de l’alliance est le miracle, sa pérennité l’anticipation et le signe de notre éternité putative. L’aventure, les aventures humaines sont la parabole constante, certaine de Dieu. Réponse des hommes : on observait Jésus pour voir s’il guérirait un homme dont la main était paralysée… s’il le guérirait un jour de sabbat. Interdit de profession au motif que celle-ci est la bienfaisance, la miséricorde. On pourrait ainsi l’accuser. Rassurons-nous, nous ne serons jamais aussi retors, pervers que les ennemis de Jésus selon les évangiles. Le Christ avec simplicité « tend la perche » à ses adversaires pour qu’ils reviennent à quelque raison : Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien, ou de faire le mal ? de sauver une vie, ou de tuer ? Dialogue tout humain. L’évangile abonde en détail sur la psychologie, la vulnérabilité d’âme et d’affectivité du Sauveur. Mais ils se taisaient. Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : ‘’Etends la main’’. L’épisode scelle la conspiration contre le Christ. Moyens et psychologie d’homme simple, David contre Goliath. L’adversaire dans la Bible est toujours identifié, Dieu l’emporte toujours assez simplement parce que cet adversaire a une lacune : Dieu. Ce n’est pas tant de combattre Dieu qui met l’adversaire en infériorité, c’est qu’il soit sans Dieu. Jacob lutte avec l’ange, autant dire – selon l’Ancien Testament – avec Dieu, mais il a celui-ci dans l’âme. Parcours anticipant celui de saint Thomas, Jacob est un croyant qui s’ignore. David, lui, est de naissance un homme de foi. Ses exploits de chasseur, il les attribue à Dieu, et ne doute pas qu’au combat contre le Philistin, il en sera de même : Le Seigneur, qui m’a sauvé des griffes du lion et de l’ours, me sauvera des mains de ce Philistin…. Le Seigneur ne donne la victoire ni par l’épée ni par la lance, mais le Seigneur combat lui-même. Ainsi soit-il dans ma vie, dans nos vies. Le raffiné du texte de Samuel est que David peut même prophétiser à Goliath l’issue de leur duel et comment le géant sera mis à mal puis à mort. Pour toi, je chanterai un chant nouveau… pour toi qui donnes aux rois la victoire et sauves de l’épée meurtrière David, ton serviteur.

[1] - 1er Samuel XVII 32 à 51 ; psaume CXLIV ; évangile selon saint Marc III 1 à 6

lundi 18 janvier 2010

maître - textes du jour

Mardi 19 Janvier 2009


Prier [1] regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis. Les pharisiens n’attaquent pas Jésus pour cette glâne d’épis en marchant à travers champs, peut-être lui-même ne la pratique-t-il pas ? Dieu insaisissable, à la lettre… mais ils le questionnent sur n’importe quoi et par le biais de n’importe quoi. Jésus est donc attaqué à la fois sur son autorité vis-à-vis de ses disciples et sur un point de droit. Il répond selon le registre de ses ennemis, les textes, en vient à bout d’un seul argument historique, ce qui est apparemment répréhensible a un précédent, et quel précédent, puisque David est la référence indiscutable et qu’il est d’autre part l’ancêtre du Messie, et il a le prétexte pour donner l’essentiel : le Fils de l’homme est maître, même du sabbat. L’autorité suprême, c’est Lui, Dieu fait homme. Souveraineté analogue pour précisément élire David – au sens d’un choix – et établir les critères e ce choix, qui ne sont pas ceux des hommes. Encore plus que Saül, David n’a aucun titre, c’est le cadte celui qu’on oublie, sans doute, le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau. L’Ancien Testament a des précisions que n’a pas (malheureusement ?) le Nouveau : Jésus n’est physsiquement décrit nulle part, que psychologiquement. Ce qui n’empêche que son individualité est fortement caractérisée et que ses sentiments sont souvent donnés. Alors que l’Ancien Testament ne donne à voir les caractères que selon les comportements. Dieu se donne à la racine, au fond de Lui-même. L’esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là. Phénomène, réalité du même ordre que les possessions par les démons ? Ceux qui sont instruments de Dieu ? mais David tout au long de sa vie reste spontané, pécheur, chaleureux, pas du tout dépersonnalisé, au contraire des possédés, mais il est – dans son époque – l’action-même de Dieu pour son peuple, ses contemporains et pour la suite de la dialectique du salut. N’avez-vous jamais lu ce que fit David lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui et ses compagnons ? Jésus et ses disciples sont à glâner selon les circonstances, soit à se faire inviter aussi bien par les détracteurs que par les nouveaux convertis, sans compter les probables bienfaiteurs et la suite de femmes qui se sont attachées à eux. Cortège étrange, mode de subsistance peu reluisant, parabole sincère de l’humanité courant à l’iniquité d’un procès religieux autant que politique, au drame et à une lumière à la fois évidente et cachée encore aujourd’hui.
[1] - 1er Samuel XVI 1 à 13 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Marc II 23 à 28

- textes du jour

mercredi 13 janvier 2010

le Seigneur vint se placer près de lui - textes du jour

Prier… [1] la ville entière se pressait à sa porte… Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. Les guérisons multiples, simple compassion du Christ ? pas de réaction de la foule sauf sa presse, mais les esprits mauvais veulent parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Etat de la médecine, explication des maladies : les démons. Ou bien débat intérieur de chacun des malades et des miraculés ? Jésus ne s’y arrête pas, prier, la relation au Père ? prier pour nous ? sa mission ? Partons ailleurs dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c’est pour cela que je suis sorti. Prier et annoncer : même action. Inlassable, le Christ. Inlassable, l’humanité (de cette époque seulement ? la nôtre simplement masquée par la gangue des médias, des mépris des puissants pour les pauvres dans chaque société, entre peuples, entre continents, ceux qui attendent sont étouffés à tous égards par ceux qui n’attendent rien parce qu’ils accaparent tout) : tout le monde te cherche. A écouter et regarder, l’évidence est là, tout le monde te chercher même si la plupart ne sait le dire, le ressentir, le vivre, et tous les empêchements, les esprits mauvais sont réunis pour que cette prise de conscience ne s’opère pas. Simple mouvement brownien. Les oracles du Seigneur étaient rares à cette époque, et les visions, peu fréquentes. La prière, l’écoûte. La merveilleuse simplicité de Samuel enfant, l’hygiène de vie du Christ – si je puis écrire et penser ainsi… Bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait… Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Eli, et il dit : « Tu mas appelé, me voici ». Eli répondit : « Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher ». L’enfant alla se coucher. De nouveau, le Seigneur appela Samuel et Samuel se leva. Il alla auprès d’Elu, et il dit : Tu m’as appelé, me voici. » Eli répondit : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retyourne te coucher .» Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lmui avait pas encore été révélée. Une troisième fois, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Eli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Alors Eli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit : « Retourne te coucher et si l’on t’appelle, tu diras : ‘’Parle, Seigneur, ton serviteurl écoute’’ ». Samuel retourna se coucher. Le Seigneur vint se placer près de lui et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. » Se lever, répondre selon ce que nous savons, mais aussi selon ce que nous recevons et avons reçu, sans impatience ni inquiétude, l’insistance et la répétitivité ne sont pas notre fait. Dieu s’y reprend à trois fois, le Seigneur vint se placer près de lui. Mais le tout survient selon des circonstances précises : Samuel est un enfant, Samuel prie. Le Christ prie. En quoi cela consiste-t-il ? le Seigneur s’était révélé par sa parole à Samuel. Rien n’est dit sur la prière matinale du Christ, en contenu. Ni sur cette parole de Dieu à Samuel. Simplement, Jésus était dans un endroit désert et là, il priait. … ‘’ Parle, ton serviteur écoute’’. Samuel grandit, simplement. Le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.

[1] - 1er Samuel III 1 à 21 passim à IV 1 ; psaume XL ; évangile selon saint Marc I 29 à 39

neige et prière

lundi 11 janvier 2010

je ferai de vous - textes du jour

Lundi 11 Janvier 2010


Le ciel entièrement dégagé, c’était quand nous nous sommes assoupis en milieu de nuit, déjà prévisible : des étoiles au-dessus de ce que je préjugeais la position du Charvin. – Prier... [1] séquence chronologique précise : baptême du Christ et présentation publique par Jean Baptiste et par cette voix venue du ciel, annonce par Jésus de la Bonne Nouvelle de Dieu, appel des premiers disciples, ceux-là par paires de frères (Simon et André, Jacques et Jean). En regard, celle qui nous incombe : Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle… Venez derrière moi, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. Le texte de Marc, fondé sur la prédication de Pierre, est sans état d’âme, factuel au physique et au spirituel. La Bible n’est pas fondamentalement un chant, inspiré ou pas, elle est un compte-rendu de faits, l’historique attestant le spirituel. Contexte de la conception de Samuel, prophète décisif puisqu’il initie l’autre séquence, la généalogie humaine du Christ, et qu’il discute la question des institutions pour le peuple de Dieu. Elcana et ses deux femmes, Anne et Pennina, leçon sur la fécondité humaine. Elle est relative. Dans l’amour : est-ce que je ne compte pas à tes yeux plus que dix fils ? dans le sens et la mission d’une vie, les disciples appelés, les uns sans doute mariés, avec des enfants ? les autres fort jeunes ? ils seront pêcheurs d’hommes. Et nous tous, pris dans le chant du psalmiste : comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? Je tiendrai mes promesses au Seigneur… je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce, j’invoquerai le nom du Seigneur, oui, devant tout son peuple. Tranquille mystère des destinées mais clarté des parcours quand ils sont réponse et non acharnement à nos propres projets : Anne sera exaucée dans les deux registres, pourtant.

[1] - 1er Samuel I 1 à 8 ; psaume CXVI ; évangile selon saint Marc I 14 à 20

dimanche 10 janvier 2010

expérience et chemins - hier et aujourd'hui

il vient - textes du jour

Dimanche 10 Janvier 2010
Prier… [1] c’est Dieu qui se révèle à nous, c’est le Père qui révèle le Fils. Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Réponses explicites : le Baptiste, ce n‘est pas moi, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et du ciel, une voix se fit entendre : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour ». La voix n’est pas identifiée par l’évangéliste, la révélation trinitaire n’est pas ce qui est attendu de la foule, et le Christ est banalisé, qui l’a remarqué, seul signe distinctif, son recueillement : comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi… La Trinité est non seulement amour, mais dialogue et soin mutuel, si de telles images ou choses peuvent être ainsi écrites-dites. Si je reste dans le texte, il en ressort que le Fils reçoit la totalité de l’amour divin, la totalité de la divinité et que notre participation à la divinité, nos capacités d’amour ne tiennent qu’à Lui, sont contenues par Lui et Lui seul. Paul commente : par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre sauveur. C’est ainsi que nous entrons dans la réalité et le mystère trinitaires. Pour notre salut. Notre situation initiale de créateur est dite dans les mêmes termes par le Coran et par le psalmiste : Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture en temps voulu. Tu donnes : eux, ils ramassent ; tu ouvres la main : ils sont comblés. Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. Mais l’apôtre des gentils ne nous arrête pas à la dépendance. Dieu et l’homme, à l’initiative de Dieu, sont liés par la dialectique du salut. Tout est mouvement, il y a une perspective : promesse, attente, réalisation. Dieu, notre sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés… Il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs brebis. Nous sommes dans l’Histoire, Dieu et nous, notre vie spirituelle est événementielle, notre prière a ses sacrements – Jésus baptisé prie ensuite.

[1] - Isaïe XL 1 à 11 ; psaume CIV ; Paul à Tite II 11 à 14 & III 4 à 7 ; évangile selon saint Luc III 15 à 22 passim

samedi 9 janvier 2010

un homme ne peut rien s'attribuer sauf ce qu'il a reçu du ciel - textes du jour

Samedi 9 Janvier 2010


Hier, attendant mon fournisseur d’accès internet, une heure à ne rien faire… à peu près mais en plus court, avant-hier, un moment devant l’ostensoir à l’église… prier alors, sans rien… Le Notre Père, deux versants. D’abord, des vœux, des souhaits à l’impératif mais sur la réalisation desquels nous n’avons aucune prise, nous ne sommes que els demandeurs, nous manifestons notre compérehsnion de l’essence de Dieu en demandant à Celui-ci d’être Dieu, ou plutôt – et ardemment de notre part – de le manifester. Si cela se réalise, nous n’y serons pour rien, mais nous en bénéficierons tellement. La seconde partie, ce sont nos demandes exaucées, c’est notre salut. Le Je vous salue, Marie ! on a continué à vouvoyer Marie, mais pas le Père… au moins en français (psychanalyse collective ?). Marie, sa prière. Les évangiles sont précis. Elle prie seule ou en groupe, l’Annonciation, la Pentecôte, elle est présence (Cana, la Croix, des étapes du ministère public), elle est surtout mémoire (retrouvant le Christ au Temple, écoutant les bergers des environs de Bethléem) et disponibilité : la conception virginale, la réception de Jean comme fils. Des mots ? faites tout ce qu’il vous dira, mais ces mots sont ses recommandations pour nous, pas ce qu’elle dit à son fils (majuscule ou pas) qui dût être aussi naturel que son chagrin, avec celui de Joseph, quand l’enfant était introuvable à ses douze ans.

Maintenant, prier selon les textes de la messe du jour [1] et la vie (l’histoire et le quotidien) qui m’est donnée… Un homme ne peut rien s’attribuer sauf ce qu’il a reçu du ciel. Ainsi, la parabole des noces, ou les répliques du Christ pour caractériser, aux yeux des tiers, la relation de ses disciples avec Lui : Lui, l’époux… vient, initialement (et Jean n’écrit ni ne compose au hasard), de Jean Baptiste. Ce qui nous est donc suggéré c’est un rapport intime avec Dieu, dont tout couple n’est qu’une image plus ou moins nette, durable, authentique. L’époux, c’est celui à qui l’épouse appartient ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé. Témoin de la divinité, témoin du bonheur nuptial, témoin des noces de l’Agneau. Tandis qu’apparemment Jésus et Jean le Baptiste ont des vies parallèles, et peut-être des missions, des ministères qui se concurrencent. Nous savons que nous appartenons à Dieu, alors que le monde entier est dominé par le Mauvais. Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu pour nous donner l’intelligence… Jean le Baptiste est le premier aussi imprégné de cette intelligence : tout ce qui nous est rapporté de lui, soit par rapport au Christ, soit dans son ultime « apostolat » auprès d’Hérode, est justesse et discernement. Syllogisme en la forme habituelle chez Jean : ce qui nous donne de l’assurance devant Dieu, c’est qu’il nous écoute quand nous faisons une demande conforme à sa volonté. Et, puisque nous savons qu’il écoute toutes nos demandes, nous savons ainsi que nous possédons ce que nous lui avons demandé. Ce qui situe, à longueur de vie, le chrétien devant la mort, l’au-delà, le jugement dernier ou particulier n’est pas l’angoisse ou la crainte ou le fatalisme d’autres postures religieuses, c’est cette assurance qui ne tient pas à nos mérites ou à ce que nous avons fait de la vie, mais qui tient à cet amour nuptial de Dieu pour ses amis, pour la création, à cet amour qui nous est si constamment enseigné. Tout ce qui nous oppose à Dieu est péché. Les deux pôles sont ceux-là : amour et non-amour, ou non-péché et péché.

[1] - 1ère lettre de Jean V 14 à 21 ; psaume CXLIX ; évangile selon saint Jean III 22 à 30

vendredi 8 janvier 2010

le témoignage de Dieu - textes du jour

Vendredi 8 Janvier 2010


Prier… [1] Jean, dans son expression, est d’une phrase à l’autre, complexe et de plain-pied. Ils sont trois qui rendent témoignage : l’Esprit, l’eau et le sang, et tous les trois se rejoignent en un seul témoignage. L’oculaire, ce qu’a vu le disciple que Jésus aimait et qui se trouvait au pied de la croix : il en sortit aussitôt du sang et de l’eau, et Jean souligne aussitôt que son témoignage porte là-dessus, que c’en est l’essence et la manière. L’Esprit, il l’a constamment défini dans l’épître que nous lisons ces jours-ci, l’Esprit éprouvé et connu d’expérience puisque tout notre élan vers Dieu, l’habitation de Dieu de nous sont le fait de l’Esprit. L’étrangeté de l’affirmation johannique tient à la combinaison de deux sortes d’intervenants, une personne et deux faits, mais ces faits – l’eau et le sang qui coulent – sont constitutifs de l’humanité du Christ. Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; or, le témoignage de Dieu a plus de valeur, et le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils. Dieu n’est révélé par personne que par Lui-même. Dans notre vie quotidienne comme dans l’histoire de l’humanité. Retournement de la différence Bible/Coran. L’Islam « reproche » au chritianisme son polythéisme qu’il estime de fait : trois personnes divine, mais le chrétien peut dire au musulman que si celui-ci a la force et la vérité de confesser Dieu l’unique, il admet en revanche un intermédiaire décisif non entre Dieu et le croyant, mais pour que le croyant reçoive la révélation. Le chrétien ne reçoit celle-ci que de Dieu. – Je me donne depuis six semaines à une lecture fréquente du Coran, j’expérimente simplement qu’à s’immerger sereinement et avec disponibilité dans le texte fondant la foi d’autrui, je vis et comprends mieux celui qui me fonde. L’apport est mutuel, intense. Et en sus, il y a bien évidemment la constante possibilité de prier dans le texte de l’autre, au moins le chrétien à l’épaule du musulman puisque le Coran est presque en totalité cet hymne de contemplation d’un Dieu intransigeant et incommensurable, transcendance première et finale. Je ne sais en revanche si le musulman peut prier toute la Bible, les psaumes, les livres sapientiaux, la Genèse certainement. – Mais lui se retirait dans les endroits déserts, et il priait.

[1] - 1ère lettre de Jean V 5 à 13 ; psaume CXLVII ; évangile selon saint Luc V 12 à 16

jeudi 7 janvier 2010

lecture du Coran - sourate 77 . Les envoyées

tous avaient les yeux fixés sur lui - textes du jour

Jeudi 7 Janvier 2010


Seul principe de jeunesse dans ma vie, et celle de ma chère femme, notre fille, si sensible, si vive, si énergique. Et puis la laideur et les mensonges de notre monde dit développé, du moins ce que j’en vois… Obama hier dans un décorum fasciste des années 30 ou de politique fiction, et Nicolas Sarkozy serrant à la va-vite des mains à Cholet, pour à nouveau dégoiser son autojustification depuis une estrade et un pupitre… Texte de Benoît XVI pour l’Epiphanie, simpliste pour le portrait des mages : chercheurs de Dieu, et complètement à côté à propos de l’agnosticisme et de l’indifférence à Dieu : il leur manque quelque chose, l’humilité authentique, se soumette à ce qui est grand. Or, c’est le contraire que j’observe, l’orgueil des croyants (dont en réalité la conviction est faible et la foi de peu de contenu) et l‘humilité des incroyants telle qu’ils n’osent comme le publicain au Temple lever les yeux vers le ciel. En fait, j’atteins un âge que j’ai du mal à accepter et qui, à d’autres moments, me comble de joie et de certitude : l’âge qui fait suite à celui de la conquête et des avoirs accumulés sans discernement et au prix de beaucoup de dispersion, mais conquête avec la mine et le physique, le visage, l’âme compliquée et naïve du conquérant, et ce qui y fait suite est l’âge de l’approfondissement, de la récapitulation, de l’examen, en fait de la fécondité possible. L’âge de la conquête est sans choix, il embrasse tout ou y prétend ou le croit. L’âge qui m’est maintenant donné est celui du choix, le recroquevillement dépressif, insupportable à soi et aux autres, ou la joyeuse et entreprenante fécondité, qui n’est sans doute pas que la transmission, encore que je m’en sente la mission à certains propos.. qui est probablement l’âge d’un regard nouveau sur tout. Mais je continue de souffrir sans rémission ni indulgence de la laideur et de la bêtise de ceux que nous juchons à notre tête. – A cet instant… nouvelle de la mort de Philippe Séguin, cette nuit, pour moi, un destin avorté parce qu’un homme de conviction, libre. François Bayrou dit à l’instant des choses justes sur lui, et pose la bonne question : des choses vraiment graves, qui réunirait-on pour y répondre ? certainement aucun des gens aux manettes actuellement de l’Etat ou des grandes entreprises ou des principaux médias, et aucun ou presque des voix censées d’opposition ou d’alternative. L’âme honnête d’un homme honnête, qui à aucun moment ne fut annexé ou acheté, et qui n’a jamais cautionné les impostures.

Prier est ma joie et mon avenir. De l’extérieur, comment reconnaître ceux qui vivent et avancent ainsi ? et le manque ou l’attente qu’éprouvent d’autres, qu’en sais-je ? [1] Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. La réponse est là, intérieure, des autres à moi et de moi aux autres, nous ne savons rien mais l’épreuve est vis-à-vis de Dieu – qu’importe la foi en ce monde, du moment que l’éternité et l’accomplissement nous sont promis et nous seront donnés à tous. Argument simpliste du disciple pourtant génial et mystique : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer, qu’il ne voit pas. Apparemment, car Jean le retourne aussitôt : Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Le besoin d’éprouver la solidité de ce que l’on vit et pense, de ce que l’on reconnaît comme juste et vrai : Jean et Paul, prédécesseurs du cogito cartésien dans le syllogisme, se fondent cependant bien autrement que dans l’expérience de soi. Et ma déprime reçoit sa réponse : tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et ce qui nous faut vaincre le monde, c’est notre foi. Or, notre foi est si faible, son contenu si flou qu’il y faut la prière, et la personne du Christ, historique, physique, psychiquement caractérisée. J’aime le mot allemand pour prier : betten, qui peut se bredouiller. Jésus, lui-même, est mû par l’Esprit saint, en tant qu’homme, ses disciples et les évangélistes le voient, le montre, priant soit avant d’agir, soit après une journée ou des événements forts, pour se ressourcer. C’est lui qui ouvre tout : notre voie. Lorsque Jésus, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région… Il ouvrit le livre… Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors, il se mit à leur dire… Seul, le christianisme est la religion dont le fondateur s’est donné, lui-même, comme la référence. Le Christ ne révèle Dieu qu’en se révélant Lui-même, et cette révélation ne nous importe que parce que Dieu n’est pas seulement suprême, mais sauveur, pas seulement miséricordieux pour l’homme mais magnifiant et accomplissant l’homme.

Philippe Séguin, sans doute l’une des rares personnalités dans la constellation gaulliste, aujourd’hui si perdue, qui permettait à celle-ci de garder parfois une assonnance de gauche, c’est-à-dire de l’attention réelle à la pauvreté, à la misère et d’un regard dans les dossiers et les affaires qui aillent autrement que vers l’argent et ceux qui en ont, personnellement ou par leurs outils économiques, industriels, financiers. Mais le destin lui a été fidèle, car manifestement il a été sensible à la rumeur d’une proposition de portefeuille au printemps dernier, et ne la démentait pas, compagnon du leurre avec Lang déjà compromis, Allègre complexe. La vie quand on est grand, nous est indulgente et nous aide à garder notre continuité. Roger Gicquel, sur le petit écran maintenant, un des rares journalistes de renom qui, par un départ voulu, ait signifié à ce qu’il quittait que cela ne valait pas grand-chose et risquait de l’avilir. Je n’aurais pas su que c’était lui qu’au visage j’aurais vu la qualité du parcours. Libre et donc rebelle, lui dit-on. Avec vérité, il répond : libre et ajuste avec silence d’abord : rebelle quand il le faut. Car la rébellion systématique est une prison mentale.
Je prie ainsi ce matin devant le Charvin enfin dégagé, la télévision allumée pour les émissions d’enfant et ma chère femme me trouvant trop souvent égocentré. Jésus oprenait sur son sommeil, ne s’imposait pas à ses disciples, il ne se dégagea des siens qu’en restant au Temple à l’issue du pèlerinage de ses douze ans, à leur insu, et qu’à certains moments de son ministère quand ceux-ci voulaient l’accaparer. Mais il donne à sa mère le calvaire et l’assomption (où nous mettons des majuscules).

[1] - 1ère lettre de Jean IV 19 à V 4 ; psaume LXXII ; évangile selon saint Luc IV 14 à 22

mercredi 6 janvier 2010

lire Benoît XVI en homélie sur les mages et l'Epiphanie

il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer - textes du jour

Mercredi 6 Janvier 2010


Marguerite éveillée en même temps que moi se remet dans son Tintin version vieux dialecte alsacien de Strasbourg. Sa mère avait dû le lui traduire, puis moi le lui commenter tout hier soir, remarquant avec elle combien chaque détail compte, ainsi après avoir glissé deux fois dans les vastes couloirs des palais royaux, les Dupont et Dupond, ont des chaussures à clous quand ils tombent à l’eau à leur descente d’hydravion…ou bien le coussin de Milou pour la nuit du retour heureux à Klow est assorti à l’édredon de son maître. Prier… fête en principe de l’Epiphanie, mais anticipée dans les textes liturgiques depuis dimanche, et ici nous n’avons pas de messe aujourd’hui. [1] Plafond nuageux à notre hauteur, silence inusuel, personne alors que le jour est levé. Les miettes et fragments laissés sur le balcon hier soir n’ont pas été touchés, les moineaux ne viennent donc qu’en pleine journée, où se réfugient-ils par ce froid. Marguerite leur suppose une maison. Le concret d’une situation, la particularité du moment, si je m’arrête exprès pour ce moment – convenu depuis maintenant des années – font ressortir la force de ce que je lis. Jean, le disciple que Jésus aimé, est décisif dans ses deux assertions qui ne font qu’une seule affirmation et disent la divinité et l’humanité du Christ : Dieu personne ne l’a jamais vu… Et nous qui avons vu, nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Dieu invisible, inatteignable, incommensurable mais que nous suivons à la trace et dont il nous est donné de suivre et comprendre les plans. Davantage, notre humanité-même, dans l’amour, nous fait approcher ce qu’est Dieu : ce que nous sommes dans ce monde est à l’image de ce que Jésus est lui-même. Et enfin, selon les paroles mêmes du Christ, c’est la mutuelle demeurance qui périme toute interrogation sur la nature et l’identité de Dieu : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui. Jean est pour autant très pratique, au sens spirituel, en ce sens qu’il nous rappelle tous les éléments nous permettant de nous repérer : nous reconnaissons que nous demeurons en Dieu et lui en nous, à ce que Dieu nous donne part à son Esprit… Voici comment, parmi nous, l’amour atteint sa perfection : il nous donne de l’assurance pour le jour du jugement. Ainsi, sommes-nous pour nous-mêmes la preuve de l’existence de Dieu et même le lien concret, vêcu avec Lui. Tous les phénomènes tant soit peu surnaturels ne nous apportent ou ne nous apporteraient pas davantage, si Dieu Lui-même ne nous les interprète explicitement ou par sa présence. En le voyant marcher sur la mer, les disciples crurent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris, car tous l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi : n’ayez pas peur ! ». L’épisode suit pourtant un autre miracle : il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient complètement bouleversés de stupeur, car ils n’avaient pas compris la signification du miracle des pains : leur cœur était aveuglé. Ils avaient repris le cours de leur existence, séparément de leur Maître. Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et, lui tout seul, à terre. Jésus, Dieu fait homme, après une journée intense d’enseignement et d’approvisionnement (surnaturel) de la foule de ses auditeurs (cinq mille personnes), s’en était allé sur la montagne pour prier. Prière qui ne le détache pas de nous, et qui ne nous détache pas des soucis ni des affections qui sont nôtres. Voyant qu’ils se débattaient avec les rames, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit. – Marguerite me demande ce que je fais, je le lui dis, elle demande à sa mère pourquoi, celle-ci la renvoit à moi et je lui réponds, Dieu, elle, nous. Les moineaux entretemps sont venus, leur écraser davantage les fragments de pain. Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.

[1] - 1ère lettre de Jean IV 11 à 18 ; psaume LXXII ; évangile selon saint Marc VI 45 à 52